L'ATPmétrie n'est pas une technique d'analyse récente mais elle peut être utile aux gestionnaires de réseaux d'eau potable. L'adénosine triphosphate (ATP) est la source d'énergie des cellules et donc des micro-organismes. Lorsque les molécules d'ATP sont en présence d'un réactif spécifique, la luciférine, la réaction produit de la lumière dont l'intensité est proportionnelle à la quantité d'ATP. Il est donc possible de quantifier l'ATP présente dans un échantillon d'eau. « La mesure de la production d'ATP permet d'évaluer la quantité de biomasse présente dans un échantillon. C'est un indicateur de la qualité microbiologique de l'eau. Désormais, l'ATPmétrie de seconde génération (ATP 2G) donne des résultats plus robustes », détaille Marc Raymond, directeur de la société Aqua-tools qui commercialise des kits d'analyse permettant de quantifier l'activité biologique en quelques minutes. En revanche, l'analyse ne permet pas de savoir quelles espèces de bactéries se trouvent dans l'échantillon. Un test microbiologique classique nécessite une mise en culture et 48 heures de délai pour obtenir des résultats fiables. « Sans remettre en cause les méthodes analytiques classiques, cette technique permet d'obtenir une évaluation de l'activité biologique dans un pas de temps très court », explique Michel Andres, adjoint chef d'agence pour la production d'eau potable chez Suez dans le sud de l'Île-de-France qui alimente environ 1,2 million d'habitants. Il teste l'outil depuis fin 2015 et envisage désormais de le systématiser. « Nous avons établi une « carte d'identité » de nos filières de traitement depuis la ressource jusqu'à l'eau traitée. Cela nous permet de repérer une évolution inattendue. Nous sommes en train de faire de même sur le réseau », ajoute-t-il. Et l'outil a été particulièrement apprécié lors des inondations de juin 2016 en région parisienne. L'ATPmétrie a permis de fournir rapidement une première tendance concernant la potabilité de l'eau devant les risques d'infiltration au lieu d'attendre 24 à 48 heures pour obtenir les résultats définitifs. Cela a permis de donner des informations rassurantes aux collectivités concernées. Le prix d'une analyse par ATPmétrie - 13 euros environ - reste néanmoins encore un frein pour son développement dans le secteur de l'eau. Par ailleurs, les services de l’État ne reconnaissent pas encore complétement cette méthode. « C'est en systématisant les résultats que ce type d'outil pourra à terme être mieux reconnu, notamment par les ARS », ajoute Michel Andres, qui a partagé ses résultats au sein du réseau national de Suez. Enfin, au-delà de la gestion de crise, la technique peut être utilisée dans d'autres cas : « pour la surveillance d'un réseau mixte avec plusieurs sources d'eau mélangées, mais aussi après désinfection d'un réservoir pour s'assurer que l'opération a bien fonctionné », détaille Marc Raymond qui espère convaincre d'autres exploitants de réseaux. PRB