À la création de la société publique locale (SPL) Eau du Ponant en 2012, Brest Métropole, son principal actionnaire, lui a confié la concession pour quatre-vingt-dix-neuf ans de ses services d’eau et d’assainissement. De ce fait, la SPL est responsable de l’exploitation des réseaux et des travaux neufs. « Lors d’un transfert de concession, il est important d’avoir une évaluation précise de la valeur du patrimoine concerné pour l’amortir au mieux sur la durée du contrat », explique Christian Clément, directeur d’Eau du Ponant (EDP). En effet, il apparaît très vite que le niveau de finesse de la description des immobilisations de Brest Métropole est insuffisant. En revanche, la collectivité est déjà équipée d’un SIG renseignant son réseau d’assainissement.En s’appuyant sur ces données techniques et accompagné par le cabinet-conseil G2C Ingénierie qui a reconstitué la valeur de certains tronçons manquants en se plongeant dans les archives, EDP a réussi à estimer la valeur nette comptable du patrimoine d’assainissement. « Nous avons travaillé avec les services de l’État qui ont validé notre démarche. Ce qui n’est pas le cas partout », souligne le directeur de la SPL. La valeur actualisée affiche au final une variation assez faible, de 10 à 20 %. Mais la démarche va surtout permettre d’assurer, dans l’avenir, la justesse des bilans comptables réalisés lors des renouvellements et garantira la précision des reprises d’amortissement, tronçon par tronçon. « Posséder la connaissance de la valeur de son patrimoine, c’est précieux. Sur cette base financière saine, nous pouvons plus facilement programmer et financer une gestion patrimoniale à long terme », juge Christian Clément.En parallèle, EDP met en œuvre au quotidien des stratégies techniques afin de maintenir l’état du réseau. L’inspection des 1?700 km de réseaux unitaires et séparatifs mobilise à l’année deux camions équipés de caméras embarquées qui passent au peigne fin environ 50 km de linéaire par an. « En termes de gestion patrimoniale, l’objectif principal sur un réseau d’assainissement était, dans le passé, d’éviter tout risque d’effondrement de la structure. Mais avec des contraintes réglementaires sur l’assainissement de plus en plus fortes, on est passé d’un objectif de collecte à une vraie pression à ne pas polluer », observe encore Christian Clément. Pour gérer son patrimoine d’assainissement de manière optimale, la SPL cherche donc à élaborer une stratégie symétrique à celle déployée sur l’eau potable. « Pour l’eau, le rendement est un bon indicateur de l’efficacité de notre gestion. Et nous pouvons opposer à ceux qui jugeraient notre taux de renouvellement trop faible (0,5 %) qu’il garantit un rendement constant. Pour l’assainissement, le taux d’eaux parasites nous paraît être un indicateur pertinent pour mener la même démarche », poursuit le responsable.La présence d’eaux parasites doit être surveillée par les exploitants pour limiter les déversements des réseaux unitaires dans le cadre de l’arrêté sur l’autosurveillance du 21 juillet 2015. Ces eaux parasites sont également synonymes de fissures dans les canalisations et témoignent du mauvais état des canalisations. Pour les suivre, EDP met les moyens : caméras mobiles, embarquées, tests à la fumée et contrôles de conformité des branchements pour les eaux usées et les eaux pluviales des particuliers. Une fois assemblées toutes les pièces du puzzle, la SPL espère en tirer un modèle de corrélation entre le flux des eaux parasites et l’état du réseau.Alexandra DelmolinoA lire aussi dans ce dossier :Gestion patrimoniale : une vraie stratégie pour les réseaux d'assainissementEurométropole de Strasbourg cible ses inspectionsBéziers Méditerranée prend la main sur ses données
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