L’ESITC de Caen et le Cerema ont présenté, ce 15 février, le nouvel outil que va accueillir cette école d’ingénieurs spécialisée dans le génie civil : un canal de houle aux dimensions inédites en France. Le but : former les élèves-ingénieurs, accroître les connaissances et appuyer les entreprises françaises dans leurs propositions de solutions innovantes.
En 2100, l’élévation du niveau de la mer pourrait avoisiner le mètre. Si à cette montée des eaux, on ajoute la forte démographie et le poids écomonique du littoral, on comprend que les côtes françaises, qui accueillent 10 % de la population, sont particulièrement exposées au changement climatique. D’où l’importance d’appréhender comment réagiront les aménagements côtiers destinés à protéger les populations et les structures portuaires lorsqu’ils seront soumis à la montée des eaux et à des tempêtes plus fréquentes. Grâce à la modélisation physique, le canal de houle va permettre de comprendre les phénomènes complexes qui interviennent dans les évolutions du littoral et la stabilité des structures exposées aux assauts de la mer.
Une installation unique en France
Long de 40 m, large de 1 m et profond de 1,5 m, ce canal de houle, dit de profondeur intermédiaire, est une réalisation copilotée et cofinancée par l’École supérieure d’ingénieurs des travaux de la construction (ESITC) de Caen, le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) et la Direction générale des infrastructures des transports et de la mer (DGITM) du ministère de la Transition écologique et solidaire. La Région Normandie a également apporté son aide. « Ce canal en construction, c’est le chaînon manquant de soutien aux entreprises car il sera le plus long et le plus profond accessible en France », se réjouit Guillaume Carpentier, responsable du canal de houle à l’ESITC. Il abritera un générateur de houle capable de modéliser des états de mer réels et des hauteurs de vague jusqu’à 15 mètres. Avec ses parois en verre laissant apparaître les phénomènes, l’ESITC l’utilisera à des fins pédagogiques pour la formation des élèves-ingénieurs, notamment ceux de l’option « ouvrages maritimes et portuaires », lorsqu’ils plancheront sur des études de dimensionnement d’ouvrages côtiers (digues, jetées, protection du littoral…). Quant au Cerema, il aura accès à l’équipement pendant trois mois par an et il vise l’amélioration des connaissances. Ses études porteront entre autres sur les efforts exercés par les vagues sur les bâtiments et les ouvrages côtiers, la résilience des dunes, la protection du littoral… Le Centre d’études bénéficiera de l’installation durant quinze ans selon les termes de l’accord conclu avec l’ESITC. Les entreprises et les collectivités pourront aussi y faire réaliser des études qui seront conduites, sous forme de prestations, par les équipes de l’école. À noter, l’eau utilisée lors des essais circulera en boucle fermée. La construction du canal à houle nécessite un budget de 300.000 euros, financés à parts égales par le Cerema, l’ESTIC et la Région Normandie. L’inauguration est prévue au mois de juin prochain.