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EAU

Des composés radioactifs sont présents dans l'eau potable de 268 communes françaises

PUBLIÉ LE 19 JUILLET 2019
E.G
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Des composés radioactifs sont présents dans l'eau potable de 268 communes françaises
Mercredi 17 juillet, l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest (Acro) a publié une carte exclusive de la contamination radioactive de l’eau potable en France métropolitaine. L’eau potable de 268 communes, correspondant à 6,4 millions de personnes, contient du tritium, dans des concentrations qui ne dépassent toutefois pas le critère de qualité fixé par les autorités sanitaires.

« Les données nous ont été fournies par le ministère de la Santé (ARS – SISE Eaux) et représentent la valeur moyenne de tritium présent dans l’eau potable sur les années 2016- 2017 », explique l’Acro dans un communiqué en date du 17 juillet. Le laboratoire publie une cartographie de la contamination radioactive de l’eau potable en France métropolitaine : du tritium – l’hydrogène radioactif rejeté par les installations nucléaires – est présent dans plusieurs zones, à savoir le long de la Seine, de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine à l’Ile-de-France ; le long de la Vienne et de la Loire ; autour du centre du CEA de Valduc (Côte-d’Or) où le tritium est produit pour l’armement nucléaire et autour du centre CEA de Saclay (Essonne).

« Le long de la Vienne, Châtellerault présente des niveaux parmi les plus importants relevés. La moyenne sur 2016 et 2017 est de 31 Bq/litre sur 18 prélèvements effectués », précise l’Acro. Du tritium est également détecté dans toutes les communes s’alimentant dans la Loire ou dans les nappes sédimentaires du fleuve. A Orléans, Blois, Tours, Angers et Nantes notamment. « Dans le Maine-et-Loire, 72 communes (soit 40% des communes du département) présentent des valeurs significatives en tritium dans les données fournies par la Direction Générale de la Santé », est-il précisé. Le long de la Seine, 122 communes sont concernées, soit 4 millions d’habitants. « La seule usine de potabilisation de Choisy-le-Roi alimente en eau potable 56 communes de la banlieue Sud et Ouest de Paris, ce qui représente environ 1,9 million d’habitants », explique l’Acro. « Avec une concentration moyenne de 10 Bq/litre, 1,3 TBq de tritium sont donc distribués chaque année par cette seule usine, soit 2,5% des rejets de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine », ajoute l’association.

Le tritium comme lanceur d’alerte

Toutefois, aucune valeur relevée ne dépasse le critère de qualité fixé à 100 Bq/L (becquerel par litre) par les autorités sanitaires. La limite sanitaire étant fixée à 10.000 Bq/L par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais pour l’Acro, « le tritium est un lanceur d’alerte », qui doit attirer l’attention vers d’autres probables rejets radioactifs. « En cas d’accident grave sur une des centrales nucléaires sur la Seine, la Vienne ou la Loire, il n’y aura pas que le tritium rejeté et ce sont des millions de personnes qui risquent d’être privées d’eau potable », s’inquiète l’association. Celle-ci demande donc que la pollution radioactive soit prise en compte dans les plans « Orsec eau potable » qui doivent être établis pour fin 2020, et que les mesures réalisées par les Agences régionales de santé (ARS) soient plus fréquentes en cas de détection de polluants.

Des valeurs guides trop élevées selon la Criirad

En réaction à cette publication, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) souligne qu’elle est « régulièrement confrontée à des situations de contamination de l’eau potable ou des ressources en eau par le tritium, parfois depuis des décennies, notamment autour des sites de Valduc, Marcoule ou La Hague/CSM) ». La Criirad indique par ailleurs que « L’OMS retient pour les polluants radioactifs, un niveau de risque cancérigène plus de 100 fois supérieur à celui qu’elle a pris en référence pour les polluants cancérigènes chimiques », ce qui conduit à « normaliser des situations de pollution ».

La commission demande de fait un travail de révision des valeurs guides par l’OMS. « L’application au tritium de la méthodologie et du niveau de risque maximum définis pour les cancérigènes chimiques conduit à abaisser la limite sanitaire à 30 Bq/l », estime la Criirad, voire 10 Bq/L en « prenant compte de l’ensemble des paramètres pertinents ».
Wikimedia Commons / DR
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