Cette semaine, Gweltaz Le Coz, expert Smart Water chez Matooma, explique que "l’IoT se positionne comme un élément clé au service d’une meilleure gestion et distribution de l’eau afin d’atteindre l’objectif fixé par la loi Grenelle II".
La gestion de l’eau, du fait de sa nature vitale pour l’homme, a toujours représenté, au cours de l’Histoire, un enjeu économique et sociétal. Selon le dernier rapport de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement, les pertes dues aux fuites d’eau potable en France sont évaluées à 1 litre sur 5 en moyenne. Limiter le gaspillage et réduire les coûts associés sont donc indispensables. La loi Grenelle II a posé les références de base quant aux objectifs à réaliser en termes de pertes d’eau causées par des fuites et des fraudes pour les prochaines années. Chaque collectivité doit ainsi mettre en œuvre les moyens nécessaires pour réduire les pertes sur les réseaux d’eau avec certaines sanctions associées en cas de non-conformité.
Alors comment parvenir à réduire les pertes d’eau potable et quels sont les moyens mis à disposition des collectivités et acteurs de l’eau ?
Des solutions connectées pour optimiser la gestion des ressources
L’arrivée des technologies connectées et des réseaux IoT permettent de mettre en place une gestion intelligente de l’eau ou « Smart Water Network » afin d’optimiser le contrôle de nos ressources.
Cette gestion est tout d’abord rendue possible par l’installation d’un réseau de capteurs afin d’améliorer la supervision et la maintenance à distance des équipements. Par exemple, en équipant les canalisations de capteurs comme des débitmètres ou des capteurs de pression, il est possible pour le gestionnaire d’être alerté en cas de dysfonctionnement sur le réseau et de prévoir d’éventuelles détériorations de l’installation.
La gestion intelligente passe ensuite par l’étape cruciale de la remontée des données. En effet, toutes les données récoltées par les capteurs et outils d’instrumentation sont remontées vers un centre de supervision qui a pour mission de gérer les alertes de consommation, de prévenir les risques, et si besoin, de faire déplacer des techniciens sur place en cas de problème avéré. Cette remontée des données de consommation s’effectue au niveau des particuliers mais aussi sur le réseau urbain entier au travers de compteurs d’eau dit intelligents qui permettent de mieux contrôler l’usage, et notamment, de limiter les fraudes.
Afin de pouvoir bénéficier d’un système intelligent, les acteurs historiques de la gestion de l’eau doivent cependant parfois passer une modernisation de leurs installations et de leurs équipements.
Moderniser les systèmes de distribution d’eau existants
Aujourd’hui, pour les gestionnaires de réseaux d’eau, l’un des principaux enjeux est l’arrêt progressif à partir de 2022 de la technologie filaire RTC (Réseau Téléphonique Commuté) qui a permis aux entreprises d’établir leurs premières communications entre machines. Bien que le RTC leur permette de télégérer leurs équipements, cette technologie peut apporter toutefois quelques limitations en termes de fonctionnement. En effet, le poste de supervision est contraint d’« appeler » chaque compteur un-par-un afin d’en réaliser la télérelève et de télégérer les équipements. Ce système nécessite un temps de gestion important, un matériel - modem RTC - limité au niveau des usages et une facturation à la minute (donnée remontée sur le canal voix).
Le GSM apparait aujourd’hui comme l’alternative la plus proche avec une fiabilité et une sécurité optimale. Grâce à une carte SIM M2M et via une remontée en IP (données remontées à travers le canal Data), le GSM donne la possibilité de remonter, en temps réel et de façon simultanée, les données d’usages des différents compteurs ou équipements télégérés. Cette solution apporte un gain de temps considérable et une simplification du système de collecte des données au niveau de la supervision. Un seul dispositif réseau est ainsi nécessaire pour collecter les données et accéder à distance aux équipements permettant de faciliter des mises à jour à distance. Aujourd’hui, grâce à des solutions multi-opérateurs, il est également possible de bénéficier d’une couverture maximale (avec accès aux différents opérateurs locaux) et d’une continuité de service assurée.
Pour effectuer cette transition, il est cependant nécessaire de mettre à jour son matériel terrain afin qu’il soit compatible avec le GSM, d’adapter les frontaux et les systèmes d’information afin de pouvoir gérer les données en IP. Le tout IP est un élément très important car directement liés aux enjeux d’interopérabilité des différents équipements d’instrumentation et indispensable afin d’avoir, à terme, un système autonome et intelligent.
L’IoT se positionne ainsi comme un élément clé au service d’une meilleure gestion et distribution de cette ressource naturelle afin d’atteindre l’objectif fixé par la loi Grenelle II. Connecter les réseaux et moderniser les équipements de distribution d’eau sont des éléments importants car l’enjeu sera d’optimiser de façon globale cette gestion allant des systèmes d’irrigation pour l’agriculture ou les villes, à la distribution et la fourniture de l’eau par les régies.
Gweltaz Le Coz, expert Smart Water chez Matooma / DR