Dans le bassin Rhône-Méditerranée, 48% des rivières sont en bon état écologique. Le bassin Corse en compte quant à lui 91%.
Ce jeudi 2 juillet, l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse a publié son rapport sur l’état des eaux de ses bassins. Dans le bassin Corse, 91% des rivières sont en bon état écologique. C’est moins réjouissant dans le bassin Rhône-Méditerrannée, où moins de la moitié (48%) des rivières sont en bon état. 85% des nappes de ce même bassin sont néanmoins en bon état écologique.
L’agence de l’eau salue les efforts des collectivités et des acteurs économiques pour diminuer les pollutions, les prélèvements d’eau excessifs, les dégradations morphologiques et le cloisonnement des rivières. « Mais les aléas climatiques qui s’intensifient perturbent le fonctionnement naturel des cours d’eau, notamment leurs capacités d’épuration. Il y a urgence à moins polluer, moins prélever d’eau et redonner à nos rivières leurs fonctions vitales utiles à l’homme et à la biodiversité », souligne l’agence de l’eau dans un communiqué.
Des progrès mais des pollutions persistantes
Parmi les progrès relevés dans ce rapport, on trouve une division par 20 (en 28 ans) de la quantité de pollution organique à l’ammonium. Une division par 4 de la concentration en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) est également constatée sur les dernières décennies, mais elle reste encore 15 fois supérieure aux normes de protection de l’environnement. Par ailleurs, le rapport souligne que la toxicité moyenne des substances pesticides a été divisée par deux entre 2008 et 2018, « principalement du fait du retrait progressif du marché des substances les plus toxiques », estime l’agence de l’eau. Cette amélioration a un impact positif sur la flore des cours d’eau, mais « l’amélioration de la qualité biologique reste cependant moins spectaculaire que celle enregistrée sur les paramètres physicochimiques car elle reste tributaire de la qualité des habitats, qui s’améliore beaucoup moins vite », est-il précisé. Enfin, le rapport a permis d’évaluer la présence de plus de 120 types de micropolluants – notamment de substances pharmaceutiques – qui impliquent une baisse de la reproduction des poissons, batraciens ou mammifères marins, ainsi qu’un développement des bactéries résistantes aux antibiotiques.
L’agence de l’eau rappelle également la mise en place en 2018, de mesures de bioaccumulation de certaines substances chimiques dans les gammares, petites crevettes d’eau douce. « Les premiers résultats mettent en évidence la présence de substances non mesurées directement dans l’eau, comme des métaux, des PCB, des dioxines ou encore des insecticides chlorés interdits d’utilisation depuis de nombreuses années (DDT, dieldrine, HCH, heptachlore) », indique le rapport. Des substances toxiques pour les organismes aquatiques mais également pour l’homme.
Pressions anthopiques
Par ailleurs, 33% des rivières des bassins Rhône-Méditerranée et Corse ont un « régime hydrologique altéré », s’inquiète l’agence de l’eau. C’est-à-dire qu’elles subissent des prélèvements d’eau excessifs et les sécheresses répétées. Il s’agit donc, selon l’agence de l’eau, d’activer des leviers d’économies d’eau en réparant les fuites dans les réseaux ou en modernisant les systèmes d’irrigation agricole. « 55% des rivières présentent une morphologie dégradée et 42% sont barrées par des seuils et des barrages qui empêchent la circulation des poissons mais aussi des sédiments utiles au bon fonctionnement de la rivière », souligne également le rapport.
Enfin, même si 85% des nappes du bassin Rhône-Méditerranée sont en bon état écologique, 36 sont en « état médiocre », dont 30 le sont à cause de concentrations en pesticides supérieures aux normes requises pour l’alimentation en eau potable. « En 2018, et ce près de 15 ans après leur interdiction, les triazines (herbicides) et leurs produits de dégradation sont encore régulièrement détectées dans les eaux souterraines à des concentrations supérieures aux normes. Le renouvellement des eaux souterraines étant un processus long, ces substances vont encore dégrader la ressource durant de nombreuses années », explique l’agence de l’eau. A noter que dans le bassin Rhône-Méditerranée, 269 captages sont considérés comme prioritaires, « car ils sont importants pour l’alimentation en eau potable mais dégradés par les pesticides ou les nitrates ».
La Sorgue à Fontaine du Vaucluse (Vaucluse) / Pixabay / DR