Veolia a refusé dans la journée du 21 mars la première contre-offre d’Ardian et GIP visant la création d’un nouveau Suez. Un nouvel épisode de cette lutte qui oppose les deux groupes depuis l’été dernier.
Le 20 mars, le consortium Ardian-GIP a remis au conseil d’administration de Suez une nouvelle offre « ferme et engageante visant à la création d’un nouvel ensemble dont les contours sont proches de ceux proposés par la médiation de l’État », explique Suez dans un communiqué. Une proposition que le conseil d’administration du groupe a acceptée à l’unanimité. « Le conseil d’administration de Suez affirme sa volonté de trouver une solution négociée avec Veolia dans l’intérêt de ses salariés, ses clients et ses actionnaires », a déclaré Philippe Varin, président du conseil d’administration de Suez.
Un nouveau Suez recentré sur l’eau
L’offre d’Ardian-GIP prévoit de la totalité des activités françaises dans l’eau ainsi que dans le recyclage et la alorisation auxquelles s’ajoutent plusieurs activités eau et technologie à l’international. « Cet ensemble permettra de maintenir l’avance technologique du groupe grâce à des investissements en recherche et développement à un haut niveau », explique Suez. « Ce nouveau Suez constituerait un acteur mondial, agile, à fort ancrage français, recentré principalement sur l’eau, doté d’une véritable stratégie industrielle et d’une capacité d’innovation et de R&D puissante », jugent Ardian et GIP.
Le prix proposé pour l’ensemble représente une valeur d’entreprise de 15,8 milliards d’euros, soit l’équivalent d’une valorisation de 20 euros par action (18 euros proposés par Veolia). L’offre est soumise à certaines conditions, notamment le soutien de l’intersyndicale, la recommandation par le conseil d’administration de Suez de l’offre publique de Veolia dans les termes convenus entre Suez et Veolia et le vote positif sur l’opération envisagée de l’assemblée des actionnaires de Suez. « Nous espérons que notre offre contribuera à favoriser une solution négociée entre Suez et Veolia dans l’intérêt de ces deux champions français », déclare Mathias Burghardt, responsable d’Ardian Infrastructure.
Une offre irrévocable
« Ardian et GIP espèrent que Veolia verra dans cette proposition une opportunité d’ouvrir la voie à un accord rapide entre Veolia et Suez » indiquent les deux partenaires. Une porte immédiatement refermée par Veolia dans un communiqué : «Veolia n’est pas intéressé par le démantèlement de Suez proposé par M. Philippe Varin et ne vendra pas ni n’échangera sa participation de 29,9 % au capital de Suez ; l’offre publique d’achat déposée par Veolia demeure irrévocable même après l’activation de l’entité néerlandaise, et c’est la seule à porter sur l’ensemble du capital de Suez. »
Et Veolia de prévenir : « Il ne saurait y avoir de discussions avec la direction de Suez tant qu’un accord n’aura pas été formellement exprimé au préalable par le conseil d’administration sur ce périmètre du nouveau Suez proposé par Veolia, tant que l’entité néerlandaise, qui porte gravement atteinte à l’intérêt social et à la valeur de Suez, n’aura pas été dissoute, tant que les cessions précipitées des actifs stratégiques de Suez à l’international n’auront pas été suspendues et tant que les procédures judiciaires lancées à l’initiative de Suez n’auront pas été retirées. »
Veolia évoque un « évident conflit d’intérêt » « choquant et surprenant » : « L’approche des dirigeants de Suez, qui consiste à favoriser leur intérêt personnel et patrimonial en offrant à deux fonds court-termistes de choisir à la carte leurs actifs, contrevient à l’intérêt social du groupe et à celui des actionnaires. »,. Pour Veolia, qui qualifie l’offre de « fantôme », « il appartiendra naturellement aux actionnaires de Suez de se prononcer sur ces différentes questions qui engagent l’avenir du groupe, et aux tribunaux de statuer sur la responsabilité individuelle des administrateurs concernés ». A suivre…