L'étude a évalué l'effet des changements climatiques sur les déficits d’humidité du sol à la surface et aux racines des cultures. Crédit : Luis Iranzo Navarro-Olivares /Pixabay
Selon une récente étude du World Weather Attribution, la sécheresse estivale serait 20 fois plus probable dans l’hémisphère Nord à cause du changement climatique. L’Europe de l’Ouest devrait également s’attendre à des sécheresses plus fortes et plus fréquentes.
Pénuries d’eau, des incendies de forêt et des pertes de récoltes...L’été 2022 a été l’un des plus chauds jamais enregistrés en Europe, voire de tout l’hémisphère Nord. Une conséquence directe du réchauffement climatique ? Aucun doute pour les scientifiques du World Weather Attribution qui estiment dans une récente étude que les changements climatiques causés par l’Homme ont rendu la sécheresse de surface « au moins cinq fois plus probable » et la sécheresse agricole « au moins 20 fois plus probable ».
Des chercheurs de Suisse, d’Inde, des Pays-Bas, de France, des États-Unis d’Amérique et du Royaume-Uni ont évalué l’effet des changements climatiques sur les déficits d’humidité du sol à la surface et aux racines des cultures. Pour quantifier les conséquences, ces derniers ont analysé les données météorologiques et les simulations numériques « pour comparer le climat tel qu’il est aujourd’hui, après environ 1,2 °C de réchauffement planétaire depuis la fin des années 1800, avec le climat du passé ».
L’étude a été menée sur les niveaux d’humidité du sol en juin, juillet et août 2022 dans tout l’hémisphère Nord en se concentrant notamment sur l’Europe occidentale et centrale, qui a connu une sécheresse particulièrement sévère avec des rendements agricoles considérablement réduits cet été.
Sécheresses plus fortes et plus fréquentes
Les chercheurs constatent que le changement climatique causé par l’Homme a rendu les sécheresses du sol plus probables dans l’hémisphère nord extra-tropical durant l’été 2022, tant au niveau de la surface que dans la zone racinaire des cultures. Ils estiment ainsi que ces changements climatiques ont rendu la sécheresse de surface au moins cinq fois plus probable et la sécheresse agricole et écologique au moins 20 fois plus probable.
La probabilité de sécheresse a été également accrue pour la région de l’Europe de l’Ouest et de l’Europe centrale. Le réchauffement aurait rendu la sécheresse de surface environ 5 à 6 fois plus probable, et la sécheresse agricole et écologique environ 3 à 4 fois plus probable.
« Notre analyse montre que les graves sécheresses de cet été dans de grandes parties de l’hémisphère Nord ont été alimentées par les changements climatiques d’origine humaine. Ce résultat nous donne également un aperçu de ce qui nous attend. Avec un réchauffement climatique accru, nous pouvons nous attendre à des sécheresses estivales plus fortes et plus fréquentes à l’avenir », conclut Dominik Schumacher, chercheur à l’Institut des sciences atmosphériques et climatiques de l’ETH de Zurich, en Suisse.