Rendue publique le 4 octobre, l’étude publiée par l’UIE pointe un déficit annuel d’investissement pour les infrastructures de l’eau, l’assainissement et le pluvial estimée à 4,6 milliards d’euros.
Si l’objectif de cette étude menée par l’économiste Maria Salvetti pour l’Union des industries de l’eau (UIE) est de montrer la nécessaire adaptation des infrastructures et le renouvellement des réseaux face au changement climatique, il s’agit aussi d’accompagner la réindustrialisation française. La fédération réunit 8 syndicats et quelque 200 entreprises pour un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros, dont un à l’export. «Notre réflexion se porte à 2050, avec plusieurs défis à relever: le vieillissement des infrastructures sur fond de stress hydrique, avec un taux actuel de renouvellement de 0,6% par an», explique en préambule Jean-Luc Ventura, président de l’UIE.
Un patrimoine de l’eau estimé à 500 milliards d’euros Le patrimoine de l’eau en France est estimé à 500 milliards d’euros (38.000 points de captage, 17.000 stations de potabilisation, 16.000 réservoirs et châteaux d’eau, près d’un million de kilomètres de réseau d’eau potable et 380.000 kilomètres pour l’assainissement, auxquels s’ajoutent des postes de refoulement et 21.000 stations d’épuration). Pour le réseau d’eau potable, le patrimoine se situe à 48% en zone urbaine, et 52% en zone rurale et est majoritairement composé de conduites en PVC et en fonte (acier 3% ; amiante ciment 4% ; fonte ductile 24% ; fonte grise 17% ; PVC vieux 31% ; PVC récent (à partir de 1980) 16% ; divers 5%). Le montant du renouvellement des réseaux d’eau potable est estimé à environ 2,7 milliards d’euros; pour l’assainissement à 2 milliards. Pour ces deux postes, le déficit d’investissement est respectivement estimé à 1,8 milliard et 1,4 milliard d’euros.
Un volet environnemental avec les milieux aquatiques L’étude, réalisée notamment à partir des chiffres émanant de l’étude sur la récupération des coûts des services d’eau et d’assainissement publiée en 2019 par l’Office français de la biodiversité (OFB), met l’accent sur la difficulté à obtenir une continuité de données dans les études, liée à des méthodes de traitement de l’information différents. Ainsi, «l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales ne communique plus que des données comptables très agrégées pourles services d’eau et d’assainissement », pointe le rapport. «De plus, seules les lignes de dépensesde fonctionnement et d’investissement sont disponibles.» A ces données patrimoniales, un volet environnemental a été ajouté évaluant le coût de la dégradation des milieux aquatiques à 481 millions d’euros par an (programme de mesures avec l’objectif d’atteinte de bon état des masses d’eau) et un surcoût annuel de 390 millions d’euros pour le traitement des micropolluants (chiffres extraits des données suisses et du coût des traitements afférents à ces substances).
Les pistes de financement envisagées Plusieurs pistes de financement sont envisagées par l’UIE. La première est une meilleure utilisation des Aqua Prêts de la Banque des Territoires qui permettraient de soutenir le financement des investissements ; les collectivités disposent d’un excédent de trésorerie d’environ 5 milliards d’euros (Insee, 2016) des services d’eau et d’assainissement pour lancer des projets porteurs ; les agences de l’eau ; et enfin l’application du principe pollueur-payeur pour financer le traitement des micropolluants. En outre, la fédération projette également des besoins en effectifs pour pallier des métiers en tension et apporter de nouvelles compétences aux filières émergentes. Ce secteur représente plus de 130.000 emplois directs et indirects.
Environ 1 milliard d’euros pour les eaux pluviales Les exploitants devront anticiper les travaux et le renouvellement des infrastructures, avant de se «retrouver devant un mur d’investissement», rappelle Jean-Luc Ventura. Outre la pérennité des installations, le changement climatique nécessite également une décarbonation des process, la prise en compte des eaux pluviales dans les investissements avec un patrimoine mal connu, et dont les objectifs à terme permettront de lutter contre les inondations, d’infiltrer l’eau à la parcelle et de lutter contre les îlots de chaleur urbains avec la végétalisation et les techniques de rétention (chaussée réservoir, revêtement poreux, etc.). Pour ce seul poste «eaux pluviales», le déficit d’investissement est évalué à quelque 1 milliard d’euros.