Environnement Magazine : Comment la gestion des eaux pluviales a-t-elle évolué en France ?
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Qu’est-ce qu’un sol perméable et quels sont ses bénéfices ?
L’évacuation des eaux pluviales vers les réseaux crée une rupture dans le petit cycle de l’eau et une saturation inutile du système d’assainissement. En effet, les eaux pluviales restent « propres » si on en limite le ruissellement en les infiltrant naturellement. Les sols perméables redonnent au sol sa fonction d’infiltration et de régulation des flux d’eau, permettant ainsi la réalimentation des nappes phréatiques, la réhydratation des sols et par extension la disponibilité de cette ressource pour le développement des végétaux. La présence de l’eau et de la flore a un impact climatique fort à l’échelle du quartier, créant de véritables îlots de fraîcheur. En laissant le sol « ouvert » – au contraire de la mise en œuvre d’un enrobé qui vient sceller le sol et l’imperméabiliser – les échanges air-sol-eau sont rétablis, favorisant le développement de la biodiversité du sol.
D’un point de vue de la réglementation, comment sont encadrés aujourd’hui les sols perméables ?
Depuis une dizaine d’années, la réglementation (lois ALUR et Biodiversité) et de nombreux appels à projets et subventions (Agences de l’eau, Collectivités) incitent fortement à la désimperméabilisation des sols. Plus récemment, ce sont les Lois Climat & Résilience (2021) et d’Accélération des Énergies Renouvelables (2023) qui définissent des orientations pour l’aménagement des toitures et parkings. En plus de l’intégration de dispositifs assurant l’ombrage (arbres ou ombrières photovoltaïques), les parkings neufs de plus de 500 m² doivent ainsi intégrer des dispositifs « favorisant la perméabilité et l’infiltration des eaux pluviales ou leur évaporation et préservant les fonctions écologiques des sols ». Si la loi Climat s’intéresse aux constructions neuves, la loi AER introduit des obligations pour l’existant en précisant les seuils d’assujettissement (1500 m² pour les parkings). Au-delà du cadre national, c’est en local que la réglementation en faveur de la gestion durable des eaux pluviales se joue via les orientations des documents de planification (SDAGE, SAGE ou PGRI) et d’urbanisme locaux (SCOT, PLU(i) ou Cartes communales).
Quel impact les nouvelles obligations des lois Climat et AER vont-elles avoir sur les parkings ?
Ces lois repensent entièrement l’aménagement des parkings, traditionnellement bétonnés, pour y intégrer l’eau, le végétal et la production d’EnR. En effet, la plantation d’arbres – pour l’ombrage – se combine à la création d’espaces paysagers, de zones d’infiltration et à l’intégration de sols perméables. L’installation d’ombrières solaires confère au parking encore plus de valeur environnementale, optimisant le foncier au profit du mix énergétique. Ces techniques sont complémentaires : l’intégration de sols perméables permet l’infiltration des eaux pluviales, bénéfique à la plantation des arbres intégrés au site du parking. Et dans le cas des ombrières photovoltaïques, il suffit d’adapter le cheminement des eaux qui ruissellent sur les panneaux en redirigeant les flux vers les sols perméables ou zones d’infiltration (noues, tranchées).
Ces dispositifs vont sans nul doute trouver écho dans les réglementations à venir sur l’objectif ZAN et du récent plan de transformation des zones commerciales. Les enjeux d’infiltration des eaux pluviales, d’ombrage, de végétalisation et de transition énergétique servent en effet le même objectif, celui de limiter l’impact des constructions pour tendre vers l’idéal de la ville résiliente.