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Avis des pros : Pour éviter les pénuries d'eau, l’usager doit devenir acteur de sa consommation

PUBLIÉ LE 14 MARS 2024
SÉVERINE BOURSERIE, DIRECTRICE DU SYNDICAT MIXTE DES EAUX DE BEAUFORT
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Avis des pros : Pour éviter les pénuries d'eau, l’usager doit devenir acteur de sa consommation
Sur le territoire des Eaux de Beaufort, la tension sur la ressource est double : forte activité touristique liée au Mont-Saint-Michel ; augmentation élevée de la population avec l’arrivée de nouveaux résidents. Ici, photo de la retenue de Beaufort lors de la sécheresse en 2017. / Crédits : SME de Beaufort
Pour répondre aux risques de pénurie d’eau, les services d’eau doivent se réorganiser. Le syndicat des Eaux de Beaufort a fait le choix de s’attaquer aux économies d’eau sous toutes ses formes, de son système de distribution aux robinets des usagers.

Situé sur une presqu’île, le territoire des Eaux de Beaufort s’étend de la Baie du Mont-Michel à la vallée de la Rance. Il compte 35 communes réparties entre trois intercommunalités. Comme sur une île, la ressource est limitée, les eaux brutes provenant uniquement des eaux de surfaces issues de ruisseaux qui vont directement à la mer. C’est un territoire attractif dont la saison touristique s’étend du mois d’avril à novembre. Chaque année, il accueille de nouveaux résidents ce qui porte l’augmentation de la population à 1 % environ.

Dans un contexte de tensions sur la ressource, le syndicat œuvre en faveur des économies d’eau : d’abord en agissant sur son système de distribution ; puis en externe, en acculturant le grand public à une approche nouvelle portée sur les économies d’eau dans leur quotidien.
 
En 2010, les Eaux de Beaufort se dote d’un service ingénierie pour définir une méthode, trouver les bons outils et conduire une démarche d’économie de la ressource à l’échelle du territoire. La première étape a consisté à sectoriser le réseau, en répartissant les 36 000 branchements des 1 269 km de réseaux en 112 secteurs, portant le nombre de suivis journaliers à 162. La mise en place de la télégestion du réseau permet depuis de maîtriser les données en autopilotant les flux.

Ensuite, le syndicat a fait mettre en place un service de recherche, puis d’enquête de fuite sur le réseau. Les données recueillies – l’activité des abonnées, leur consommation, le nombre d’habitants par foyer – ont été rattachées à chacun des 112 secteurs. L’objectif étant de définir des objectifs d’indice linéaire de perte (ILP) de nuit adaptés à chacun des secteurs, et de les faire évoluer selon l’activité des abonnés. Enfin, pour valoriser le travail de fourmis réalisé par les agents, le service communique en interne sur les économies réalisées après chaque intervention des équipes de terrain.

Les résultats sont là. En 2010, les volumes d’eau perdus s’élevaient à 1 157 019 m3 pour atteindre 328 076 m3en 2022. La réduction des pertes en eau correspond donc à 828 943 m3 sur douze ans, soit 104 jours de consommation gagnés par an. Grâce aux économies réalisées sur les achats d’eau, le syndicat et son exploitant Veolia Eau, ont pu rapidement profiter d’un retour sur investissement. L’enveloppe globale pour ce programme étaient de 1,54 M€ HT. Dès les quatre premières années, les économies réalisées sur les achats d’eau, s’élevaient entre 100 à 500 k€ HT par an. En 2022, l’ILP atteignait 0,63 m3/km/j, correspondant à un taux de rendement du réseau de 90,9 %. À l’horizon 2030, les Eaux de Beaufort vise un ILP de 0,47 m³/j/km, ce qui permettrait de gagner 116 jours sur la sécheresse.
 
Fort de ses résultats, le syndicat a décidé de renforcer son programme d’accompagnement des usagers, en développant une nouvelle stratégie d’acculturation de la population aux économies de la ressource. Son objectif ? Une baisse de consommation de 10 m3/an/hab d’ici 2030.

Pour obtenir l’adhésion de l’usager, les Eaux de Beaufort travaille sur trois approches : rendre l’usager acteur de sa consommation ; lui faire ressentir qu’il est soutenu par son service d’eau et plus généralement les pouvoirs publics ; lui donner la connaissance nécessaire à la compréhension de la gestion de l’eau au sein de son foyer. La télérelève est en cours de développement sur le territoire. Elle sera couplée à des applications sur smartphone pour que les usagers puissent accéder à leur consommation détaillée heure par heure, la comparer avec un référentiel et ainsi observer leurs économies d’eau. L’objectif à terme étant de mettre en place des structures tarifaires pour favoriser les usagers qui consommeraient moins de 40 l/pers/j, correspondant au volume essentiel, c’est à dire celui qui sert à s’hydrater, à cuisiner et à rester propre. Évalué sur 7 ans, le coût de la télérelève et des travaux de gestion des quartiers s’élève à 6,7 M€, dont près de 70 % sera soutenu par l’agence de l’eau Loire Bretagne, pour une économie annuelle visée de 400 000 m³ supplémentaires.

Une seconde approche consiste à gérer le réseau à l’échelle des quartiers en prévision d’un futur plan Orsec. Des réducteurs de pression sont progressivement installés sur le réseau. Cette année, des premiers exercices grandeur nature ont été réalisés, en appliquant une pression dans le réseau fortement réduite pour simuler un état de crise. Les abonnés avaient été prévenus par courrier. Le jour des opérations, nous étions présents sur place pour répondre aux usagers et les sensibiliser sur la question des économies d’eau.

Notre objectif est une intervention annuelle sur un quartier par commune pendant 7 ans, pour que la prise de conscience du possible manque d’eau se fasse dans un esprit serein et constructif, en développant l’envie individuelle d’agir à court et moyen terme. Les premiers retours sont très encourageants (-30 % de consommation). Lors de nos prochaines interventions, nous avons prévu en amont de distribuer aux usagers des flyers illustrant des outils pour les aider à s’organiser avec une pression très basse et obtenir une baisse souhaitée de consommation de 10 % supplémentaires.

L’éducation reste en effet une priorité. Depuis des années, nous intervenons dans les écoles et dans l’espace public pour sensibiliser la population. Sur les factures d’eau, nous distinguerons la part du volume « essentiel » par rapport aux autres volumes « technique » et « loisir ». Toutes ces mesures prises individuellement portent rarement leurs fruits. C’est bien les combinaisons d’actions simultanées qui permettent d’élever les résultats, sans compter le soutien de nos élus ambassadeurs.
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Article publié dans Hydroplus n° 270.
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