Sur fond d’une baisse de la consommation de l’eau – 4% en moins d’eau distribuée en 2023 –, alors que les services publics de l’eau et de l’assainissement sont financés par les abonnés, la FNCCR, la FP2E et Intercommunalités de France préconisent des solutions pour pallier cette équation impossible : comment faire plus avec moins de moyens.
Si en France, l’eau paye l’eau, l’axiome a pris du plomb dans l’aile avec le financement de différents services qui ciblent tout autre chose que le petit cycle de l’eau (biodiversité, etc.), auquel s’ajoute le plafond mordant instauré par l’Etat sur les recettes des agences de l’eau. Aujourd’hui seul 41% sur 82% des recettes perçues auprès des usagers par les agences de l’eau reviennent à l’eau potable et à l’assainissement. A cela s’ajoute des coûts fixes toujours plus onéreux dus à l’inflation sur les réactifs, le prix de l’énergie consommée pour la potabilisation ou l’assainissement. Dans ce contexte, comment financer les nécessaires investissements auxquels les collectivités doivent faire face pour rénover ou même préserver leur réseau en bon état et maintenir la continuité du service public dans un monde mouvant où les populations migrent vers les zones littorales en été, et les zones de montagne en hiver, des espaces ruraux, de montagne où les difficultés de terrain, l’habitat épars rendent onéreux la moindre intervention.
Des tarifs différenciés Ce constat a amené les trois acteurs du monde de l’eau, représenté par Hervé Paul pour la FNCCR, Arnaud Bazire pour la FP2E, Régis Banquet pour Intercommunalités de France, à se pencher sur le problème afin de préconiser plusieurs pistes pour tenter de remédier à l’équation, avec en ligne de mire la réforme des redevances en janvier 2025. Aussi outre la chasse aux gaspis, avec son cortège de télérelève et de compteurs connectés, les forages mal ou pas recensés, les ressources alternatives comme les réserves d’eau constituées et non comptabilisés dans leur usage, les trois acteurs souhaitent mettre en place des forfaits différenciés selon la destination (tourisme, résidence secondaire, agriculture, etc.), lesquels ne permettent pas de couvrir le prix d’installation avec une facturation basée sur la seule consommation, et mettre fin aux tarifs dégressifs qui encouragent la consommation et ne répondent pas au vrai prix de l’eau.
Rehausser le plafond de la part fixe Partant du constat que « 82% des recettes sont variables et basées sur les consommations », ainsi que le fait remarquer Régis Banquet, une des propositions serait d’augmenter la part fixe afin de sécuriser la trésorerie. Pour Arnaud Bazire, « cette hausse est inéluctable face aux polluants émergeants et aux technologies nécessaires pour les traiter ». Ainsi dans la boîte à outils mise en place, il serait question d’harmoniser à 40% minimum le plafond de la part fixe, avec une liberté de gestion pour les collectivités qui souhaitent déplafonner. « Cette hausse assortie d’une baisse des consommations sera indolore pour les abonnés », poursuit Arnaud Bazire. « Chaque territoire doit pouvoir se saisir de ces outils pour rééquilibrer la gestion de l’eau », ajoute Hervé Paul.
Un regroupement à finaliser en janvier 2026 Au final, des préconisations fondées au plus près des gestionnaires des services d’eau et des territoires. Avec la loi Nôtre, les services d’eau et d’assainissement doivent avoir finalisé leur regroupement en janvier 2026. Une cohérence géographique et la mutualisation des moyens sont aussi un moyen de faire face aux investissements, d’assurer la solidarité entre les territoires afin de définir un prix équitable pour les usagers et l’accès à l’eau potable pour tous. Des décisions qui doivent être prises au plus près du terrain afin de respecter l’équilibre entre toutes les parties prenantes, d’instaurer un dialogue et de prendre en compte le territoire dans toutes ses composantes et spécificités.