Olivier Sarlat a été élu président du pôle Aqua-Valley en mars 2024. Il développe dans cet entretien les grands enjeux de son mandat.
Quels sont les projets prioritaires de votre mandat ?
Le pôle de compétitivité Aqua-Valley qui couvre un large périmètre englobant les régions l’Occitanie et Provence Alpes Côte d’Azur, fédère 250 adhérents, principalement des TPE et des PME, mais également des grands groupes et des laboratoires de recherche. Nos projets prioritaires ? Poursuivre nos actions et le travail engagé avec nos adhérents, qui consiste à créer la synergie entre monde académique et monde de l’entreprise pour faire émerger des innovations capables de répondre aux problèmes de l’eau : stress hydrique, manque d’eau, réutilisation des eaux usées.
En ce moment, nous mobilisons toutes nos forces, avec les autres pôles réunis au sein de l’AFPC et aux côtés des régions, pour le rétablissement du financement des Pôles de compétitivité (9 M€) dans le PLF 2025.
Et tout au long de l’année, nous cherchons à amplifier le recours au financement privé en mobilisant des partenariats et mécénats (Banques, Assurances…), et du sponsoring de nos événements par les adhérents.
Où en est le Plan Eau ? Le chemin parcouru jusqu’à présent est-il satisfaisant, selon vous ?
À l’échelle régionale, des plans ont été mis en place : le Plan Eau régional Occitanie « Tous mobilisés, tous concernés » et le Plan Or bleu pour la Région Sud PACA- Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Ces plans concernent essentiellement le déploiement, par l’Etat et les collectivités, de solutions développées par les entreprises. Ils sont soumis à une mise en œuvre par appel d’offres, et le pôle n’y participe pas.
Les missions du pôle sont de faire connaître les solutions existantes auprès des collectivités (ce que nous faisons au travers de nos actions), et de développer les innovations de demain. Selon nous, un mécanisme est à développer pour identifier ensemble, avec l’État et les collectivités, les « trous dans la raquette » subsistant, suite à la mise en œuvre des mesures du plan eau, et de travailler à l’émergence de nouvelles solutions et innovations. Cela ne pourra se faire qu’une fois les infrastructures en place, opérationnelles, et avec un temps de recul de leur exploitation.
Comment accompagner au mieux les territoires dans leur "transition hydrique" ?
Avant tout, accompagner les territoires c’est connaître l’état de leurs ressources en eau et des besoins liés aux cycles d’usages de l’eau (domestique, industrielle, agricole, touristique – récréative et thermalisme…), à leur répartition sur le territoire et à leur évolution dans le temps.
En conséquence, il est impératif, de poursuivre avec les scientifiques l’amélioration de la connaissance des ressources en eau, et de leur évolution en lien avec les scenarii d’évolution du climat. Mais aussi, de disposer d’un état des lieux de l’efficacité des systèmes d’alimentation en eau et d’assainissement (évaluation des pertes dans les réseaux et plans d’investissement associés), des systèmes d’irrigation et de leur optimisation en lien avec les cultures, … Il est impératif également, d’examiner les ressources disponibles et les besoins, de faire connaître les solutions en place pour la réutilisation et le recyclage de l’eau, et les mettre en œuvre quand cela est économiquement et environnementalement adapté, de réalimenter les aquifères avec les eaux de ruissèlement ou de réutilisation des eaux usées traitées, en maîtrisant les risques sanitaires et d’envisager le meilleur mix de ressources, de solutions possibles et adaptés au cas par cas, sans exclure, si nécessaire, le recours au dessalement d’eau.
Si je devais résumer : il faudrait doter les territoires d’un PTGE – Plan Territorial de Gestion des Eaux, concerté et adapté à la particularité de chacun des territoires. Le développement de l’agro-écologie et l’évolution des pratiques culturales, la plantation et culture de variétés plus économes en eau, constituent également des actions complémentaires à mettre en œuvre mais qui n’appartiennent pas au strict domaine de l’eau.
Comment rapprocher acteurs économiques et monde académique autour de l’eau ?
Ces acteurs travaillent et collaborent au quotidien, et il est nécessaire de poursuivre l’acculturation des acteurs de la sphère économique et de la sphère académique à leurs outils, et besoins. Par exemple : un industriel peut bénéficier d’un doctorant sous bourse CIFRE pour développer une nouvelle technologie.
Le Pôle a ainsi développé des rencontres et événements spécifiques dédiées au lien rapprochement entre acteurs économiques et entreprises / académiques, comme les petits- déjeuners de l’innovation en partenariat avec le Centre Unesco et l’ICIREWARD, les rencontre Res’eau, les groupes de travail innovation, le trophée Aqua Business ou encore la mise en place d’un Comité Opérationnel de Suivi Innovation, émanation du conseil d’administration destiné à gérer de la stratégie Innovation du pôle Aqua-Valley avec des représentants des deux mondes.
Quelles sont les pistes de R&D les plus prometteuses actuellement ?
Le sujet de la R&D reste un sujet plutôt confidentiel, car concurrentiel et lié à la propriété intellectuelle, mais néanmoins, je peux témoigner de quelques exemples de solutions développées par nos TPE / PME adhérentes, comme Cactile, entreprise dans le Tarn qui développe une solution de récupération des eaux de pluie sur toiture, Coldep, proposant une solution durable destinée à éliminer les micropolluants ou NXO Engineering, qui développe une station d’épuration de nouvelle génération à énergie positive. Parmiles thématiques du moment à privilégier, nous comptons : l’identification et le traitement des PFAS (Les substances chimiques très persistantes), l’application de l’IA dans la gestion des ressources en eau et des services d’eau et d’assainissement, l’évolution des modèles économiques des services d’eau et d’assainissement (tarification progressive ou saisonnière, réutilisation des eaux usées traitées…) et la poursuite du développement de technologies économes en eau.