La société Enertime va installer dans l’usine de silicium de FerroPem située à Anglefort (Ain) un système de récupération d’énergie, permettant d’économiser environ 10 % de l’électricité utilisée. Ce projet de 9 millions d’euros, baptisé Orcasil, est financé à hauteur de 3,5 millions d’euros par l’Ademe.Moins de surveillanceIl faut dire que produire du silicium (Si) consomme beaucoup d’énergie. Cet élément utilisé dans la chimie, l’industrie électronique ou le photovoltaïque est obtenu par le chauffage à plus de 1.000 °C d’un mélange de silice avec du charbon. Les fumées issues de ce traitement atteignent 300 à 350 °C. Il serait dommage de perdre toute cette énergie ? Pourtant, aujourd’hui, ces fumées ne sont pas valorisées. Elles sont seulement refroidies, puis traitées pour être débarrassées de leurs polluants. En effet, les systèmes classiques à base de vapeur sont peu adaptés ici, car la température et la pression de la vapeur sont trop faibles, et pas assez stables. C’est pourquoi Enertime a proposé une solution sur le principe du cycle organique de Rankine (système ORC), qu’il développe depuis 2008. Plus efficace à ces températures que les turbines à vapeur, cette technologie demande aussi moins de maintenance. Les fluides y sont moins corrosifs, et les températures et pressions moins élevées requièrent moins de surveillance.30 euros le mégawattheureSon principe est le même qu’une turbine à vapeur : transformer de la chaleur en électricité. Cependant, plutôt que d’utiliser de l’eau, l’ORC a recours à d’autres fluides : des hydrocarbures ou des réfrigérants. « Nous avons choisi les réfrigérants pour des questions de sécurité, car nous installons la machine dans l’usine elle-même », précise Laurent Sanchez, chef du projet Orcasil. Un échangeur de chaleur permet de chauffer de l’eau à 200°C à l’aide des fumées. Cette eau est la source chaude servant à la production d’électricité. Ce sont ainsi trois mégawatts électriques (MWe) qui seront récupérés, pour une production annuelle de 17 GWh, alors que les électrodes servant à chauffer les ingrédients consomment 30 à 35 MWe.Le retour sur investissement est évalué à sept à huit ans. Il est acceptable grâce au soutien financier de l’Ademe. « Sans cette aide, nous n’aurions pas monté ce projet », admet Laurent Sanchez, qui souligne que les prix de gros de l’électricité sont descendus à environ 30 euros le mégawattheure, contre 40 à 45 euros il y a seulement un an. Le projet Orcasil est actuellement en phase d’étude, avec la finalisation du design et de la taille de chaque équipement. Enertime prévoit de lancer la fabrication des matériels en septembre prochain, pour une mise en service d'ici à la fin 2017.Cécile Michaut