Lorsqu’un bâtiment ou un groupe de bâtiments présente des besoins en chaleur et en froid, « les pompes à chaleur géothermiques eau/eau réversibles sont une solution parfaitement adaptée », juge Hervé Lautrette, responsable géothermie SGV au sein du bureau d’études Burgeap. C’est en partie pour cette raison qu’une centrale géothermique affichant une capacité de 2 MW pour le chauffage et 1 MW pour la climatisation a été installée sur le tout nouveau campus d’Airbus, à Blagnac (31), afin d’alimenter les 36?000 m² de bâtiments neufs.La géothermie sur nappe n’étant pas envisageable sur ce site, faute de ressources, c’est un champ de SGV qui a vu le jour… et pas des moindres ! Il compte 141 sondes géothermiques placées à 205 m de profondeur afin d’exploiter les calories et les frigories du sous-sol. « Pour dimensionner l'installation au plus juste, il a fallu étudier précisément les besoins énergétiques et les corréler avec la ressource, raconte Hervé Lautrette. Ensuite, nous avons établi un modèle économique en estimant le coût de l’installation en fonction de son dimensionnement et des profondeurs de forage. » Le résultat ? Un temps de retour sur investissement de moins de huit ans. La solution technique choisie a été validée mi-2013 par Airbus après un forage de reconnaissance. Puis une année s’est écoulée, le temps d’obtenir l’autorisation d’exploiter au titre du code minier. « L’autorisation est arrivée 8 à 12 mois après le dépôt du dossier, se souvient Hervé Lautrette. Cela rend ce type d’installation compatible avec une opération immobilière neuve. »Mais là ne se trouve pas l’innovation principale de cette centrale géothermique. « Au sein des trois bâtiments du campus, il y a des appels en chaleur et en climatisation. Et ce, de manière simultanée. Nous avons décidé de mutualiser les besoins énergétiques des bâtiments grâce à une boucle d’eau tempérée. » Celle-ci constitue un réseau d’énergie, via la circulation d’une boucle d’eau entre les pompes à chaleur (PAC) géothermiques des trois bâtiments. Lorsqu’une PAC rejette du froid pour produire de la chaleur, elle refroidit l’eau de la boucle, tandis que l’inverse peut se produire au même moment dans une autre sous-station. L’équilibrage des températures se fait ainsi naturellement, limite les appels à la ressource géothermique… et donc le coût du projet.Cette technologie, baptisée « Géo smart City » par Burgeap a pu bénéficier d’un financement de l’Ademe au titre du fonds Nouvelle technologie émergente. Et une condition a donc été ajoutée : suivre et analyser l’exploitation géothermique pendant deux ans. « Nous avons équipé tous les organes de l’installation géothermique de capteurs et de connexions informatiques ainsi de suivre et analyser minute par minute la performance du système, détaille le responsable géothermie. Et pour le moment, les résultats sont fidèles aux attentes. » L’installation, mise en service fin 2015, doit permettre de couvrir 90 % des besoins en climatisation et 100 % des besoins en chauffage du campus.Nolwenn Le Jannic