A l’heure où l’exécutif repousse à nouveau le projet de loi sur la souveraineté énergétique et réaffirme son engagement en direction du nucléaire, Otmane Hajji, président de GreenYellow, estime essentiel de rappeler dans cette tribune la règle qui permet de bénéficier d’une énergie fiable, disponible et compétitive : il est impératif d’équilibrer l’équation entre production et consommation pour éviter de mettre le réseau sous tension.
Apprendre que le Québec fait face à une pénurie énergétique capable de compromettre certains projets industriels ou que l’Afrique du Sud connait une crise énergétique persistante depuis 2020 avec des délestages récurrents de plusieurs heures, nous fait hausser le sourcil. Pourtant, il y a un peu plus d’un an, en France, le risque de pénurie d’électricité était une menace à prendre au sérieux. Face à la disponibilité limitée du parc nucléaire et à une capacité d’exportation de nos voisins européens réduite, les délestages ou le black-out étaient devenus des scénarios crédibles.
A l’heure où l’exécutif repousse à nouveau le projet de loi sur la souveraineté énergétique et réaffirme son engagement en direction du nucléaire, il semble essentiel de rappeler la règle qui permet de bénéficier d’une énergie fiable, disponible et compétitive. Pour éviter de mettre le réseau sous tension, il est impératif d’équilibrer l’équation entre production et consommation.
Le comble de la sobriété énergétique
Observons le phénomène avec l’exemple de l’Europe. Les prix négatifs sur les marchés de gros de l’électricité résultent principalement d’un déséquilibre entre la production et la demande. La diminution de la demande d’énergie, combinée à une production continue d’énergies renouvelables centralisées (champs éoliens - Fermes solaires), crée un surplus électrique. Lorsque la production excède la demande, le réseau électrique est surchargé. Les prix négatifs agissent comme un signal du marché, indiquant aux producteurs qu’ils ont trop d’énergie. Face à ce dilemme, les producteurs doivent choisir entre arrêter temporairement leur production, ce qui engendre des coûts, ou continuer à produire et vendre leur énergie à des prix négatifs. Aussi parfois, il est plus économique pour eux de compenser indirectement les consommateurs en vendant leur surplus d’électricité à des prix négatifs plutôt que d’interrompre temporairement leurs centrales… Un comble à l’heure de la sobriété énergétique.
C’est ainsi qu’on a noté plus de 118h* en France de prix négatifs de l’électricité à fin octobre 2023 par exemple.
Energies décentralisée et autoconsommation
L’électricité « en circuit court », auto-consommée par une ou plusieurs entreprises à proximité immédiate des installations de production permet d’équilibrer localement l’offre et la demande et incite au pilotage de sa consommation.
Considérons le scénario où un industriel produit de l’énergie verte, locale et à prix compétitif sur son toit ou son parking. Il est naturellement encouragé à maximiser sa consommation lorsque la production est élevée et à la réduire lorsqu’il n’y a pas de production. Le déploiement à grande échelle de ces solutions "décentralisées" ou en circuit court représente une réponse clé au risque de déséquilibre dans le réseau électrique. Le solaire décentralisé se prête particulièrement bien à cette approche, profitant de vastes surfaces urbaines déjà disponibles pour l’installation de panneaux photovoltaïques (toitures d’entrepôts ou d’usines, parkings de gares, d’hypermarchés…)
Les possibilités offertes par ces solutions en circuit court sont renforcées par les systèmes de pilotage du bâtiment (GTB – Gestion Technique de Bâtiment) et par des options de stockage de l’énergie, que ce soit par batterie ou par le stockage de froid ou d’eau chaude. En combinant la production locale à un « sculptage » de la consommation, également locale, il devient alors possible d’équilibrer au moins partiellement l’équation Production = Consommation. Cela ouvre des perspectives significatives d’optimisation économique, tant en termes de coûts énergétiques que d’investissements requis pour entretenir et développer les réseaux de transport, de distribution et de stockage de l’énergie.
Vers le "tous producteurs" ?
Cette énergie locale, autoconsommée répond aussi à une réelle aspiration sociétale et environnementale. Après l’agriculture, qui a popularisé le concept de circuit court, les entreprises ont la volonté d’atteindre une plus grande indépendance énergétique, une meilleure résilience face à la courbe des prix tout en s’engageant activement pour une énergie renouvelable. Se pose néanmoins des questions : Faut-il aller vers le « tous producteurs » ? Chaque industriel, logisticien, hypermarché ou hôpital doit-il, à ce titre, s’improviser énergéticien et tenter de produire une partie de son énergie, qui plus est, verte et locale ? … Probablement pas.
De la même manière que pour la gestion de l’eau ou la restauration collective, chaque entreprise ne se lance pas dans la réalisation de son propre forage local ni ne s’improvise en prestataire de cantine. Pour que l’énergie produite en circuit court reste compétitive et fiable, elle doit être issue de centrales solaires optimisées et être exploitées de manière exemplaire. Les investissements requis pour ce type d’installation, doivent être portés par des acteurs de premier plan, tels que Greenyellow, véritable plateforme de transition énergétique. Leur modèle d’accompagnement "as a service" leur permet de financer, exploiter et vendre l’énergie produite localement à un prix compétitif dans un rayon proche.
Combiner production locale, pilotage de la consommation et stockage, apporte une réponse concrète aux entreprises sur la compétitivité de leur énergie, leur indépendance, et facilite un équilibrage local du réseau électrique, maillon indispensable d’une transition énergétique durable, performante et qui tient compte des consommations réelles de ses clients.