Lors du comité interministériel de l’innovation tenu jeudi 10 avril, réunissant 14 ministres, le Premier ministre François Bayrou a réaffirmé l’engagement de l’État en faveur de l’innovation, en particulier dans les secteurs clés de la souveraineté technologique et industrielle. Dans un contexte géopolitique et budgétaire sous tension, le gouvernement a confirmé l’investissement des 15 milliards d’euros restants du plan France 2030 au cours des trois prochaines années. L’hydrogène, pilier central de cette stratégie, cristallise les ambitions françaises en matière d’indépendance énergétique, de décarbonation et de réindustrialisation.
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Le soutien de l’État se traduit également par le lancement de projets industriels structurants. L’usine Gen’Hy, implantée en Bourgogne-Franche-Comté, doit renforcer la chaîne de valeur nationale en électrolyseurs, équipements essentiels à la production d’hydrogène vert. D’autres projets emblématiques, tels que Masshylia (région Sud) et Green Lhyfe Horizon (Normandie), renforcent les capacités de production d’hydrogène sur le territoire.
Le secteur aérien engagé dans la transition
L’hydrogène joue également un rôle crucial dans la décarbonation du transport aérien. Le projet Beyond Aero, basé en Occitanie, vise à développer un avion d’affaires à propulsion hydrogène via pile à combustible. Parallèlement, quatre projets industriels (Kereauzen au Havre, Bio T Jet à Lacq, DéZir à Rouen, et TakeKair à Saint-Nazaire) ont été annoncés pour produire de l’hydrogène destiné à la fabrication de carburants d’aviation durables, en réponse à l’objectif européen d’incorporation de 6 % d’e-carburants (E-SAF) d’ici à 2030.
Un enjeu de compétences
La transition vers l’hydrogène s’accompagne d’une montée en compétence nationale. Grâce aux appels à manifestation d’intérêt "Compétences et métiers d’avenir", près de 50 000 places de formation dans le domaine ont été sécurisées. Cette dynamique vise à répondre aux besoins croissants en main-d’œuvre qualifiée pour soutenir le déploiement des technologies hydrogène sur l’ensemble du territoire.
Philippe Boucly, président de France Hydrogène, s’est félicité de ces annonces : « Dans un contexte mondial marqué par l’instabilité économique et géopolitique, cet engagement reflète un choix stratégique : celui de la souveraineté énergétique, de la réindustrialisation du pays, et de la maîtrise de notre avenir technologique. L’hydrogène incarne cette ambition. » Ce dernier insiste également sur la nécessité d’une vision de long terme : « Nous attendons avec intérêt la publication de la Stratégie nationale hydrogène révisée. Elle est indispensable pour offrir un cap clair et pérenne aux industriels et investisseurs, notamment en matière de mobilité routière lourde et intensive. »
Un choix stratégique pour l’avenir
Au-delà de ses applications énergétiques, l’hydrogène est désormais perçu comme un vecteur stratégique de compétitivité industrielle. Son développement illustre la volonté de la France de maîtriser des technologies critiques, de renforcer son tissu industriel et d’assurer une transition écologique fondée sur l’innovation. L’ampleur des investissements engagés témoigne d’une ambition assumée : faire de la France un acteur incontournable de l’économie décarbonée de demain.
Et cette ambition s’apprête à franchir une nouvelle étape : la stratégie nationale révisée sur l’hydrogène, tant attendue par les acteurs de la filière, serait officiellement présentée le 15 avril prochain, d’après l’AFP. Elle devra donner un cap plus clair à un secteur appelé à jouer un rôle central dans la transition énergétique et industrielle du pays.