Certaines fonctionnalités de ce site reposent sur l’usage de cookies.
Les services de mesure d'audience sont nécessaires au fonctionnement du site en permettant sa bonne administration.
ACCEPTER TOUS LES COOKIES
LES COOKIES NÉCESSAIRES SEULEMENT
CONNEXION
Valider
Mot de passe oublié ?
Accueil > Actualités > Hydrogène > Hydrogène bas carbone : la France muscle sa stratégie pour 2035
HYDROGÈNE

Hydrogène bas carbone : la France muscle sa stratégie pour 2035

PUBLIÉ LE 17 AVRIL 2025
ABDESSAMAD ATTIGUI
Archiver cet article
Hydrogène bas carbone : la France muscle sa stratégie pour 2035
Crédits : Pixabay
Production locale, soutien massif à l’électrolyse, hubs industriels… Le gouvernement dévoile une nouvelle feuille de route ambitieuse pour faire de l’hydrogène un pilier de la transition énergétique et industrielle.

La France veut produire son propre hydrogène, et elle le dit clairement. Ce mercredi, le gouvernement a publié une nouvelle version de sa stratégie nationale pour l’hydrogène décarboné. L’objectif : renforcer l’indépendance énergétique du pays, soutenir l’industrie, et accélérer la transition écologique. Si les ambitions restent élevées, la France fait le choix de l’ancrage local, en misant avant tout sur la production sur son territoire grâce à l’électrolyse, une technologie qui permet de produire de l’hydrogène à partir d’électricité.

PUBLICITÉ
Lancée en 2020, la première feuille de route a permis de poser les bases d’une filière émergente. Plus de 150 projets ont été soutenus, 8 000 emplois directs créés, et des premiers hubs industriels structurés. Mais le rythme n’a pas été aussi rapide qu’espéré. Des technologies encore jeunes, des investissements à sécuriser, et un contexte international de plus en plus compétitif ont conduit à repenser les priorités.

Miser sur une production locale et bas carbone
Au cœur de cette stratégie révisée : la production d’hydrogène sur le sol français, par électrolyse, à partir de l’électricité bas carbone, principalement nucléaire et renouvelable. D’ici 2030, jusqu’à 4,5 GW d’électrolyse pourraient être déployés, avec une montée à 8 GW à l’horizon 2035. Le gouvernement écarte pour l’instant l’option de l’importation massive : les projets internationaux de transport d’hydrogène n’apportent pas, selon le gouvernement, de garantie économique convaincante.
Les soutiens publics resteront donc réservés à la production nationale, avec un mécanisme de soutien à l’électrolyse lancé fin 2024, doté de 4 milliards d’euros pour 1 GW, s’étalant sur 15 ans. Une première tranche de 200 MW est déjà en cours.

L’hydrogène, un outil clé pour l’industrie et les transports lourds
La stratégie cible d’abord les secteurs les plus difficiles à décarboner : la chimie, la sidérurgie, la fabrication d’engrais, mais aussi le transport aérien et maritime. À terme, ces secteurs pourraient consommer plus de 500 000 tonnes d’hydrogène par an, en remplacement des procédés actuels encore très émetteurs de CO₂.

Une filière qui se structure de bout en bout
La France soutient l’ensemble des briques technologiques : électrolyse alcaline (McPhy, John Cockerill), PEM (Elogen), haute température (Genvia), et AEM (Gen-Hy). À cela s’ajoutent les piles à combustible, les réservoirs, et les solutions de mobilité hydrogène (Symbio, Plastic Omnium...). Pour accélérer leur passage à l’échelle, le pays renforce aussi sa stratégie diplomatique et industrielle à l’export, mobilisant 100 M€ de subventions, une « garantie interne » dédiée, et des conseillers hydrogène dans certaines ambassades de quelques localisations prioritaires.

La stratégie s’accompagne aussi d’un important effort de formation, pour que les compétences suivent le rythme de développement de la filière. Plus de 100 000 personnes seront sensibilisées ou formées aux métiers de l’hydrogène d’ici 2030.

Des hubs industriels pour déployer les projets sur le terrain
Produire de l’hydrogène, oui. Mais encore faut-il le faire au bon endroit. C’est pourquoi l’État mise sur des hubs autour des grands pôles industriels comme Fos-sur-Mer, Dunkerque, Le Havre ou la Vallée de la Chimie à Lyon. Le but est de rapprocher production et consommation, de mutualiser les infrastructures, et de réduire les coûts.
Des réseaux de canalisations sont prévus pour relier ces sites, avec un premier objectif de 500 kilomètres déployés d’ici la fin de la décennie.

L’électricité, nerf de la guerre pour un hydrogène compétitif
Le coût de production de l’hydrogène par électrolyse dépend avant tout d’un facteur : le prix de l’électricité. C’est là que la France compte faire la différence.

Grâce à un mix électrique bas carbone combinant nucléaire et énergies renouvelables, la France dispose d’un atout structurel majeur. Mais encore faut-il que cette électricité soit abordable et stable dans le temps pour les producteurs d’hydrogène. Le gouvernement l’a bien compris, et met en place plusieurs leviers pour garantir cette compétitivité.

Parmi eux, les contrats de long terme (ou PPA – Power Purchase Agreements), qui permettent aux producteurs d’hydrogène de sécuriser un prix fixe d’achat d’électricité auprès de producteurs, tout en réduisant leur exposition aux fluctuations du marché.
Les électrolyseurs bénéficieront aussi d’un abattement significatif sur le tarif d’utilisation du réseau électrique (TURPE) : jusqu’à 81 % de réduction au-delà d’un certain seuil de puissance. S’ajoute à cela une exonération totale des accises sur l’électricité consommée pour l’électrolyse, ainsi qu’une compensation des coûts indirects du CO₂, ce qui revient à alléger la facture de près de 30 €/MWh, soit environ 1,5 €/kg d’hydrogène produit, selon les calculs de l’État pour un quota de CO₂ à 100 €/t.

Autre levier : la flexibilité des électrolyseurs, capables de moduler leur activité en fonction du prix de l’électricité. Ils pourront par exemple intensifier leur production lorsque l’électricité est abondante et bon marché – comme lors de pics de production renouvelable – ou réduire leur consommation lors des pointes. À terme, cela pourrait aussi soulager le système électrique en apportant un service d’équilibrage au réseau.
Pour accompagner cette logique, le gouvernement prévoit le développement de capacités de stockage d’hydrogène, notamment en cavités salines, afin de lisser la production et sécuriser l’approvisionnement des industriels, même en cas d’arrêt temporaire des électrolyseurs.

Et demain ?
La France ne ferme pas la porte aux importations d’hydrogène à très long terme, notamment pour des besoins spécifiques dans le transport ou les carburants de synthèse. Mais à court et moyen terme, le cap est clair : produire chez nous, avec nos moyens, pour nos besoins.
Cette stratégie actualisée trace ainsi une voie réaliste mais ambitieuse : celle d’une industrie française de l’hydrogène robuste, compétitive, et alignée avec les objectifs climatiques. Un pari sur l’avenir – mais un pari solidement préparé.


PARTAGEZ
À LIRE ÉGALEMENT
Lhyfe obtient une subvention record pour son projet Green Horizon en Normandie
Lhyfe obtient une subvention record pour son projet Green Horizon en Normandie
Piles à combustible : Lhyfe alimente Inocel en hydrogène vert
Piles à combustible : Lhyfe alimente Inocel en hydrogène vert
RATP Dev forme les premiers techniciens à la maintenance des bus à hydrogène
RATP Dev forme les premiers techniciens à la maintenance des bus à hydrogène
319 milliards sur la table : le Maroc mise gros sur l’hydrogène vert
319 milliards sur la table : le Maroc mise gros sur l’hydrogène vert
Tous les articles Hydrogène
L'essentiel de l'actualité de l'environnement
Ne manquez rien de l'actualité de l'environnement !
Inscrivez-vous ou abonnez-vous pour recevoir les newsletters de votre choix dans votre boîte mail
CHOISIR MES NEWSLETTERS