Avant, il y avait l'éthanol de betterave et l'huile de tournesol, éventuellement estérifiée, exclusivement issus de cultures sur jachères, en vertu de la Pac (politique agricole commune, lire aussi p. 97). Aujourd'hui, il y a, dans l'ordre alphabétique, le B5, le B30, le B100, l'E5, l'E10, l'E85 sans oublier les HVP (lire actu p. 22). Tous ces biocarburants ont deux points communs. Non seulement ils reposent sur une même recette, associant carburants classiques (essence, gazole) à des alcools et esters renouvelables (à 5, 10, voire 85 % dans le cas des flexfuels). Mais en plus ils constituent une même famille : celle des biocarburants de première génération, appelés aussi agrocarburants car ils proviennent de surfaces cultivées. Consommateurs d'espace, d'eau, d'engrais et de pesticides (voire d'OGM comme aux États-Unis), et montrés du doigt pour ces raisons, ces biocarburants sont censés laisser place à une deuxième génération, celle des filières « plante entière », où la cellulose, d'où qu'elle vienne (paille, écorce, etc.), est transformée en alcool (filière biochimique, pour moteur à essence) ou en gaz puis en hydrocarbures (filière thermochimique, pour moteur Diesel, dite aussi BTL) au moyen d'un réacteur Fischer-Tropsch. L'IFP vient ainsi de lancer le projet Futorol et le CEA s'apprête à faire de même en filière thermochimique. Dans ce domaine, le secteur aérien entend aller de l'avant et multiplie les projets de R & D.
En ligne de mire, les objectifs gouvernementaux : 7 % de biocarburants en 2010 et 10 % en 2015 au lieu de 5,75 % - en théorie - cette année, avec un agrément de production de 3 174 300 tonnes. Objectifs réaffirmés par le président de la République, début octobre, au Mondial de l'auto, lequel président a aussi promis un passage de 5 à 10 % d'éthanol en mélange banalisé (l'E10) pour l'an prochain, avec distribution en lieu et place des pompes SP 98.
Mais les spécialistes regardent encore plus loin. Après la deuxième génération, celle de la plante entière, s'annonce la troisième génération, celle des algues. « Elles peuvent contenir jusqu'à 80 % de lipides. La production d'huile par surface cultivée pourrait être 600 fois plus élevée que pour le soja », compare le cabinet d'études Alcimed. « L'intérêt des algues, c'est que c'est en trois dimensions, alors qu'un champ, c'est en deux dimensions », poursuit Alain Morcheoine, directeur de l'air, du bruit et de l'efficacité énergétique à l'Ademe : il faut infiniment moins de surface pour produire la même quantité d'huile. Et cerise sur le gâteau : en culture, certaines algues produisent de l'hydrogène. Utile, pour la future voiture à pile à combustible.