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Covoiturage : comment passer la vitesse supérieure ?

PUBLIÉ LE 1er DÉCEMBRE 2009
LA RÉDACTION
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Les offres de covoiturage explosent, mais entre affichage et passage à l'acte, le chemin est semé d'embûches. Une étude du Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques ( Certu) d'octobre 2007 recensait « près de 80 sites Internet de covoiturage en France, ouverts à tous ». Si certains opérateurs ont une couverture nationale, comme Covoiturage.fr ( Comuto), Green cove ingénierie (123envoiture), Roulez malin, La roue verte, la France ne dispose pas d'un service national unique de covoiturage. Et, toujours selon cette étude, « le nombre de sites a été multiplié au moins par quatre depuis 1990 ». Parmi les acteurs de ce mouvement, les entreprises, qui encouragent toujours le covoiturage dans leurs plans de déplacements. Ainsi, l'ouverture d'un site web de covoiturage est la première initiative des plans de déplacement interentreprises (PDIE) de trois zones d'activité de la communauté urbaine du Grand Lyon, tout comme celle des entreprises de Montrouge, « car c'est une action concrète et rapidement réalisable », résume Jean-Luc Estienne, directeur du site STMicroelectronics de Montrouge. En effet, le covoiturage est une solution bien adaptée à un site mal desservi en transports en commun ou démuni de pistes cyclables. Pour Jacques Crespy, secrétaire général adjoint de l'Institut Gustave-Roussy, le choix de soutenir le covoiturage date de 2000, lorsqu'un tiers du parc de stationnement a été supprimé. Désormais, les covoitureurs y disposent de places de parking réservées. « Les incitations sont nécessaires », confirme Arnaud Sarfati, P-DG de l'opérateur de covoiturage Green cove ingénierie, ajoutant que « l'entreprise peut aussi mettre à disposition un vélo pour relier le domicile au point de rencontre ». Enfin, les marques de grande distribution s'y mettent aussi : Carrefour et Ikea ont développé une plateforme de covoiturage pour leur personnel et leurs clients, avec Covoiturage.fr. Et la RATP vient de retenir le même opérateur pour la réalisation d'un site destiné à ses 49 000 salariés. Mais le covoiturage n'est pas l'apanage des entreprises. En 2000 et 2001, Rennes métropole et l'association Covoiturage plus ( Allostop) décident de le promouvoir sur les trajets domicile-travail. En 2004, le conseil général du Finistère est le premier à ouvrir un site Internet d'aide à la mise en relation pour ses administrés. Les Côtes-d'Armor suivent en 2006. Olivier Branellec, directeur de Roulez malin, l'opérateur pour les sites de ces deux départements, considère que « le portage politique de ce mode de déplacement est nécessaire. » En 2007, le Morbihan se lance à son tour. « Nous souhaitions mettre à disposition un site de mise en relation unique sur le département pour éviter la dispersion des offres », souligne Michel L'Higuiner, directeur du service transports du Morbihan. Puis c'est le tour de la Loire-Atlantique, l'été dernier. Ces deux départements voisins ont choisi Green cove ingénierie pour opérateur. « L'accès au site est gratuit pour les entreprises, qui peuvent disposer, sur leur Intranet, d'un lien vers le site départemental », précise Marc Letourneux, chargé de mission covoiturage au conseil général de Loire-Atlantique. De son côté, Laure Wagner, chargée de projet de Covoiturage. fr, propose de « développer une version locale d'un site national ». Pour exemple, le nouveau-né http://vaux-le-penil.covoiturage.fr. « Cette option présente l'avantage de ne pas enlever de sa fonctionnalité au site, comme c'est souvent le cas des portails de covoiturage départementaux, trop politiques », poursuit-elle. L'engagement d'un conseil général se traduit aussi par l'aménagement d'aires de stationnement réservées. « La pratique spontanée du covoiturage existe. La présence de voitures garées le long des routes le montre. Mais cela pose quelques problèmes de sécurité », constate Renaud Michel, chargé de mission transports à l'Ademe Bretagne. Ainsi, ces structures sécurisent la pratique, tout en la pérennisant. « Nous devons aussi la prévoir, en intégrant les aires de covoiturage dans les chantiers routiers en cours », ajoute Marc Letourneux. « Il faut capitaliser au maximum l'existant. Les parkings de salles des fêtes, de gymnases ou de centres commerciaux sont sous-utilisés », poursuit-il. Certains de ces espaces constituent déjà les parcs-relais spontanés de covoitureurs. Le conseil général de Loire-Atlantique, en partenariat avec l'Institut rural La Charmelière, à Carquefou, a installé une signalétique de guidage sur le parking de l'établissement. Et le Morbihan compte cinq zones de covoiturage, en partenariat avec des grandes surfaces commerciales. Malgré ce panel d'offres, le covoiturage peine encore à convaincre les salariés. De l'avis de Frédéric Bisson, président de la Fédération nationale de covoiturage, « il reste une pratique marginale. Les pics d'utilisation de ce mode de déplacement ont coïncidé avec les pics des prix des carburants », observe-t-il. En effet, l'intérêt financier est important : conduite en alternance ou partage des frais, les automobilistes réalisent des économies. « Lorsqu'on s'intéresse au covoiturage occasionnel, interurbain, l'offre répond assez bien aux attentes », indique Frédéric Bisson. Mais quand on parle d'une utilisation quasi quotidienne, les motivations - économique, sécuritaire ou environnementale - se heurtent aux habitudes et à certaines craintes. Selon l'étude du Certu de 2007, « dans 84 % des cas, une charte fixe un minimum de règles pour que le covoiturage se passe dans de bonnes conditions ». Les automobilistes s'engagent à suivre ces règles au moment de leur inscription sur le site. Covoiturage.fr a intégré sur son portail, photo, prénom, âge et possibilité d'émettre un avis sur son voyage. Roulez malin propose des réunions de sensibilisation. Un service de covoiturage restreint, à l'échelle de l'entreprise par exemple, permet aussi de rassurer. Pour certains, partager sa voiture représente une perte de liberté. « Il faut, au contraire, mettre en valeur la dimension sociale de solidarité et de rencontre », avance Marc Letourneux. Les horaires sont souvent évoqués comme limitant. Les associations et les opérateurs s'empressent alors d'expliquer que le covoiturage n'est pas forcément un engagement quotidien. « C'est un mode de déplacement à considérer parmi d'autres. Comme on prend un jour le bus, on peut essayer, un autre jour, d'aller au travail en covoiturant », illustre Jacqueline Louvet, animatrice de l'association Covoiturage Auvergne. Et Jean-Luc Estienne envisage comme piste de développement « de se montrer plus souple sur les horaires pour faciliter la formation d'équipages ». Par ailleurs, « voyager à plusieurs offre une plus grande sécurité, notamment durant les trajets nocturnes, puisqu'au moins deux personnes sont vigilantes », complète Claude Boumendil, responsable du pôle RSE France chez STMicroelectronics. La loi du 17 juillet 2001 étend la qualification d'accident de travail du code de la sécurité sociale aux accidents survenus lors d'un covoiturage régulier. Et la Fédération française des assurances précise qu'il est cependant préférable que l'automobiliste déclare à son assureur son projet de covoiturage, afin de vérifier qu'aucune circonstance ne s'y oppose. « Le tout est de parvenir à convaincre les automobilistes qu'ils peuvent essayer. Cela nécessite des explications, presque de manière individuelle », résume Renaud Michel. Malgré tout, les choses bougent ! Le débordement des aires de covoiturage en constitue un indice. Mais, pour Michel L'Higuiner, « une bonne partie du covoiturage se passe en dehors des aires signalées ». Et Frédéric Bisson affirme que « l'outil Internet ne semble pas intervenir de manière majoritaire dans la formation d'un équipage ». Mais il n'existe aujourd'hui, en France, aucun outil de mesure de l'usage réel de ce mode de déplacement. En effet, si les fluctuations du nombre d'inscrits sur un site donnent un indice de la pratique et confirment un besoin, elles ne traduisent pas l'utilisation réelle du covoiturage. Des mesures ponctuelles réalisées par certaines entreprises apportent cependant quelques éléments de réponse. Ainsi, à l'Institut Gustave-Roussy, un système de badges ouvrant l'accès au parking des covoitureurs permet à Jacques Crespy d'indiquer que « 50 à 220 personnes covoiturent, sur un total de 1 800 salariés. Le covoiturage, ça marche, mais sur une proportion de l'effectif qui reste minime, et avec des variations fortes dans le temps », conclut-il. Les études de diagnostic des plans de déplacement d'entreprise sont aussi source d'informations. « Sur la vallée de la chimie, 4 % des salariés ont déclaré vouloir covoiturer. Mais nous allons, chaque année, réaliser une évaluation réelle des pratiques », assure Michel Fourot, animateur PDIE du Grand Lyon. Enfin, l'Ademe vient de lancer une étude « auprès d'une sélection de services de covoiturage pour mesurer et qualifier l'usage réel », précise Sarah Marquet, ingénieur du service à la mobilité de l'Ademe. Enfin, Covoiturage.fr, ou encore, l'Auto-club aixois, prestataire de covoiturage de STMicroelectronics au Rousset, reviennent régulièrement vers leurs inscrits pour mettre à jour leurs bases de données, un moyen indirect d'observer les pratiques. Un des secrets du covoiturage consiste à trouver la masse critique assurant une probabilité élevée de trouver le covoitureur adéquat. « Tout l'enjeu est de toucher suffisamment de salariés, tout en conservant le côté rassurant du groupe de personnes qui travaillent sur un même site », indique Jean-Luc Estienne. Et selon Jacky Meunier, « il faut 100 propositions pour obtenir 20 solutions ». Se pose aussi la question de l'interopérabilité des sites et de leurs bases de données. En Bretagne, par exemple, les bases de données des différentes plateformes de covoiturage ne sont pas toutes reliées. « Nous cherchons à établir une coordination et une cohérence régionale », indique Renaud Michel. Un souhait qui s'exprime également au niveau national, comme le montre l'étude de l'Ademe. « Nous recueillons les avis d'opérateurs, d'associations et, à terme, de collectivités, sur l'idée d'une interopérabilité entre leurs services », éclaire Sarah Marquet. L'interconnexion des systèmes de transport dans leur ensemble représente une autre clef de développement du covoiturage. Pour exemple, la gare multimodale de Puceul, en Loire-Atlantique, qui réunit une ligne de cars départementale et un parking où les usagers partageant une voiture depuis leur domicile peuvent se garer. Autre astuce pour mettre en avant l'idée de l'intermodalité, le nom donné par le conseil général de Loire-Atlantique à son service, lilacovoiturage de « Lila, le nom du réseau de transport du département », précise Marc Letourneux. De plus, le site de Loire-Atlantique, comme celui du Morbihan, intègre l'offre de transports en commun. Lors d'une recherche, elle apparaît en premier si elle existe. Cette idée de connexion des modes de transports fait son chemin. En septembre dernier, Transilien SNCF, en partenariat avec Green cove ingénierie, la SNCF et Norauto groupe, lançait un site de covoiturage sur 23 gares d'Ile-de-France. « Il s'agit de faciliter le rabattement des usagers utilisant leur véhicule particulier pour se rendre à la gare la plus proche de leur domicile, de fluidifier le trafic et de désengorger les parcs de stationnement aux abords des gares », précise Catherine Woronoff-Argaud, responsable marketing chez Transilien SNCF. Enfin, la France voit se développer différents concepts : covoiturage dynamique pour le Certu ou ligne de voitures citoyennes pour le programme de recherche et d'innovation dans les transports terrestres (Predit). Les grands principes du premier sont le temps réel, l'optimisation des trajets et la garantie d'un service fiable. Il s'agit d'être capable de « trouver une course, dans un délai court, pour un trajet donné et en fonction des positions des véhicules des conducteurs potentiels », précise l'étude du Certu. Les nouvelles technologies (téléphone mobile, services de localisation) peuvent être utilisées pour apporter plus de réactivité. « Mais cela sous-entend que l'usager accepte l'imprévu d'un coéquipier inconnu », souligne Sarah Marquet. Dans le concept labellisé par le Predit, l'accent est mis sur « l'assouplissement du lien d'interdépendance entre passagers et conducteurs, par la recherche d'un nombre important de covoitureurs possibles. C'est l'objectif qui correspond le mieux à l'état de maturation actuel du covoiturage », précise Frédéric Bisson. Des projets d'expérimentation sont en cours. Reste à voir si cette mutation du covoiturage traditionnel parviendra à mettre de l'huile dans le moteur des covoitureurs.
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