« En utilisant du fil de cuivre dans le processus de câblage, nous avons réduit l'impact environnemental de nos boîtiers standards de 5 % », annonce Pierre Jacquemier, directeur des programmes environnement et santé chez STMicroelectronics. Actuellement, environ 34 % des boîtiers produits sur l'ensemble des usines sont câblés en cuivre. L'objectif étant que les deux tiers le soient d'ici à la fin de 2012. L'opération de câblage filaire consiste à relier une puce à son boîtier. Celui-ci est ensuite soudé sur un circuit imprimé qui sera intégré dans des applications telles qu'un téléphone portable ou un système d'ABS pour les voitures. En conduisant cette substitution de l'or par du cuivre, ST fait partie des pionniers dans le monde sur cette technologie. Cette démarche trouve son origine en 2008, dans un constat : « Nos produits consomment peu d'énergie pour fonctionner, mais nous en produisons des milliards d'exemplaires », note Pierre Jacquemier. Décidant de s'intéresser de plus près à toutes les étapes de la vie de ses produits, la société s'est interrogée sur l'or, utilisé depuis plus de quarante ans pour câbler les boîtiers, mais dont les méthodes d'extraction polluent. Pouvait-on trouver un matériau moins cher, aussi bon conducteur et qui, lors du câblage, présenterait une empreinte environnementale moindre ? Le cuivre s'est avéré un bon candidat. « Le fil d'or coûte 15 à 50 fois plus cher que celui en cuivre », précise le directeur environnement et santé. Et ce changement de procédé concordait avec la stratégie globale d'écoconception de l'entreprise. Afin d'en confirmer le bénéfice, ST a réalisé, en interne, une analyse de cycle de vie (ACV) du câblage filaire. « Cette substitution permet de réduire la contribution du câblage au réchauffement climatique de 53 %. Près de 311 tonnes d'équivalent CO2 n'ont pas été rejetées en 2010 », précise Aurélie Villard, en charge de la réalisation de l'ACV. Enfin, s'approvisionner en cuivre est beaucoup plus simple : en Europe, la principale mine se trouve en Pologne. « En 2010, 16 millions de tonnes de cuivre ont été produites, contre seulement 2 500 tonnes d'or », précise la société. Mais il a fallu adapter le procédé. Par exemple, la dureté du cuivre, supérieure à celle de l'or, a demandé une modification des outils de soudage. Et le cuivre s'oxydant à l'air ambiant, il a fallu introduire un gaz inerte pendant l'opération pour assurer une soudure de bonne qualité. Au final, « une telle conversion prend environ six mois, durant lesquels nous devons gérer, en parallèle, de nombreuses qualifications professionnelles », ajoute Pierre Jacquemier. Aujourd'hui, ST poursuit sa démarche avec pour objectif que, d'ici à 2015, tous ses nouveaux produits soient écoconçus.