Pour étendre le covoiturage, tout le monde s’y met : les exploitants d’autoroute avec la modulation des tarifs de péage, les autorités organisatrices de transport en exigeant des places réservées dans les parkings ou des voies spéciales… Mais comment savoir si le véhicule transporte effectivement plusieurs occupants ? Avec un capteur capable de compter leur nombre. Imaginé par Xerox, il vient d’être validé par le Cerema Centre-Est, et présenté lors des Rencontres de la mobilité intelligente qui se sont tenues le 27 janvier dernier à Paris. « Ce capteur, développé aux États-Unis, utilise l’infrarouge proche. Il n’est pas perturbé par les pare-brise athermiques, l’obscurité, ni les conditions météorologiques », explique Alexis Bacelar, chef de projet au Cerema Centre-Est. Les capteurs infrarouges thermiques n’ont pas été retenus car ils sont sensibles à la chaleur du moteur et de l’habitacle. Une autre innovation réside dans le logiciel de traitement de l’image, conçu au centre grenoblois de Xerox, qui identifie les véhicules sans passagers avec une précision à 95 % ! Toutes conditions confondues, le capteur est capable de donner le nombre de personnes dans une voiture dans 93,5 % des cas.Cette solution a été validée à la frontière franco-suisse, au poste-frontière de Jougne-Vallorbe, dans le Doubs. Le capteur, installé pendant trois semaines en mai et juin 2015, prenait deux photos, de face et de profil, pour détecter le nombre de passagers à l’avant et à l’arrière. Une vitesse de 60 km/h, une densité de 7 000 véhicules par jour (dont 3 000 entre 5 et 8 heures), des vitres teintées, la pluie : rien n’a diminué ses performances. Les résultats du comptage sont en ligne avec une enquête sur la faisabilité d’une voie réservée au covoiturage, réalisée début 2013. Il était alors apparu qu’un tiers des personnes voyageaient en covoiturage, et un autre tiers était prêt à adopter cette pratique. « Cette solution pourrait particulièrement intéresser les exploitants routiers, que la loi sur la transition énergétique incite à promouvoir le covoiturage », indique Alexis Bacelar.