Vingt ans qu'elle produit 5 % de l'électricité d'origine nucléaire et si peu de monde la connaît ! Il faut dire que sa vue se mérite : c'est en traversant une forêt des Ardennes, à deux pas de la frontière belge, que la silhouette massive de la centrale nucléaire de Chooz se découvre, surplombée d'un panache et d'un abord dominé d'un impressionnant parking. « Quotidiennement 765 employés se rendent ici, recense son directeur Frédéric Maillard. Et lors des arrêts de tranche tous les 18 mois ce chiffre grimpe à 1 000 voire 2 000 avec les prestataires ». Des pavillons ont été construits dans les communes alentours pour ces agents soumis pour certains, sécurité oblige, à des astreintes. Bilan après deux ansLe problème d'habitat étant réglé, leur mobilité ne fut longtemps guère perçue comme un problème : tout le monde s'approvisionnait à la pompe. En un coup d'oeil sur le parking, on voit que c'est toujours le cas. Sauf qu'une petite révolution est en route : « Les déplacements d'employés pèsent sur notre bilan carbone. Pour l'alléger nous nous sommes laissés tenter par le service proposé par la start-up MOPeasy. Il encourage la mobilité partagée et, deux ans après un discret lancement, nous satisfait à bien des égards », explique Gérard Duchosal, directeur délégué au développement durable de la centrale. Après avoir sondé ses salariés le dispositif s'est déployé autour d'une vingtaine de Renault Zoé et Kangoo électriques, qui leur sont proposés en autopartage. Près d'une quarantaine d'employés les utilisent. Des débuts modestes mais Frédéric Maillard est confiant : « L'important est qu'ils les utilisent au quotidien. Chez certains ce dispositif s'est substitué à l'usage du véhicule personnel. S'amorce un début de report modal. C'est pour nous un succès environnemental ». En trace directe ou en boucleContrainte propre à cet autopartage appliqué aux déplacements pendulaires : plusieurs trajets type (des « parcours utilisateurs ») ont dû être élaborés et des bornes et stations de recharge sont disposées un peu partout dans les communes alentours, vite mises dans la boucle du projet. « Une partie des habitants travaillent pour la centrale. Ce nouveau système leur rend service », estime Bernard Dekens, maire de Vireux Wallerand (Ardennes) et président de la communauté de communes. « Pour cette centrale et ses employés nous avons comme à notre habitude développé du sur-mesure, poursuit Bruno Flinois, président de MOPeasy. Matins, midis et soirs les véhicules y sont utilisés pour des trajets domicile-travail. Puis mutualisés durant le reste de la journée pour des trajets dits en boucle ». Une premièreA cette échelle, le fait qu'un industriel s'intéresse à un tel service et le développe sur un site de production, a fortiori en terrain rural, est tout nouveau. EDF tâtonne encore mais pourrait bien le déployer sur d'autres sites. L'innovation en termes de mobilité se retrouve d'ailleurs dans une autre centrale : celle de Civaux (Vienne), où Transdev et Navya viennent de déployer une flotte de six navettes autonomes pour transporter au quotidien les salariés du site. A Chooz, il y a un petit plus : les salariés abonnés au service peuvent aussi utiliser les véhicules le week-end. En parallèle MOPeasy trace son sillon ailleurs : des nouveautés que l'entreprise dévoile au Salon des maires, qui se tient jusqu'au 2 juin à la porte de Versailles. Des nouveautés en milieu péri-urbain et rural« Nos solutions sont toujours très ouvertes, combinent autopartage et covoiturage, sont interopérables avec les grandes plateformes de gestion de bornes de recharge et s'adaptent aux besoins du terrain. », vante Bruno Flinois. Sur le stand de la Caisse des dépôts, actionnaire de MOPeasy, démonstration est ainsi faite d'une nouvelle plateforme proposée aux entreprises de la zone industrielle et portuaire du Havre, à la demande de Transdev, l'opérateur des transports en commun de la communauté d'agglomération. L'outil permet du covoiturage local et du rabattement vers les entreprises de la zone. La start-up dégaine aussi des offres pour des bailleurs et des collectivités. Son projet d'autopartage en habitat pour Coopimmo (IDF Habitat) dans une résidence dans le Val-de-Marne, inauguré début juillet, est présenté sur le stand de cette coppérative HLM.Tout comme le projet déployé sur le territoire de Paris-Saclay, prévoyant lui aussi dès juillet la mise en circulation en autopartage de 40 deux-roues à assistance électrique, géolocalisés, accesibles depuis divers emplacements (gares RER, campus, centre-ville). Morgan Boëdec