« Ce projet de bio-raffinerie permettra de produire du biodiesel de type HVO (hydrotraitement des huiles végétales) qui est une alternative aux carburants traditionnels d’origine fossile permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’avancer vers la sortie des énergies fossiles », explique le ministère de la transition écologique, ce mercredi 16 mai, dans un communiqué. Ce projet développé en 2015, prévoit le maintien de 250 emplois (sur 500) sur la plateforme de la Mède, « en réduisant l’utilisation de produits pétroliers et les nuisances induites par la plateforme ». Ce qui devrait permettre de diminuer les émissions de CO2 de 75 %, les émissions de dioxyde de soufre de 93 %, les émissions de poussières de 98 % et les émissions de composés organiques volatils (COV) de 45 %.
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Total envisage un approvisionnement annuel en huile de palme de 300.000 tonnes maximum
Dans la foulée, Total a précisé que la future bio-raffinerie « disposera d’une capacité de traitement annuel de 650.000 tonnes » d’intrants, répartis comme suit : 60 à 70 % d’huiles végétales brutes (colza, tournesol, soja, palme, maïs etc.) et 30 à 40 % de graisses animales, d’huiles alimentaires usagées et d’huiles résiduelles. Le géant pétrolier affirme prendre « l’engagement de limiter l’approvisionnement en huile de palme brute à un volume inférieur à 50 % des volumes de matières premières qui seront traitées sur le site, soit au plus 300.000 tonnes par an ». Ceci en faisant la promotion d’un label de certification durable auprès de l’Union européenne. Cette bio-raffinerie devrait produire environ 500.000 tonnes de biodiesel par an.
Incertitudes sur l’approvisionnement et potentielle interdiction de l’utilisation d’huile de palme en Europe
Mais pour l’association « Les amis de la Terre », l’État, via cette décision « souffle le chaud et le froid ». L’ONG fait ici référence aux propos tenus par le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot, ce mercredi 16 mai sur RMC, et selon lesquels l’Europe interdirait dans les années à venir, l’utilisation d’huile de palme. Le coordinateur des campagnes des « Amis de la Terre », Sylvain Angerand souligne que « Total évoque maintenant un plafonnement à 300.000 tonnes d’huile de palme brut, ce qui est colossal. A cela, il faut ajouter les distillats d’huile de palme que Total essaye de présenter comme des résidus. Total deviendrait le premier importateur français d’huile de palme. Aucune certification ne peut garantir que ce projet n’entraînera pas de déforestation comme l’a reconnu la Cour des Comptes Européenne ». Sylvain Angerand fait référence à un rapport de la Cour des comptes sur le système de certification des biocarburants durables de l’Union européenne, publié en 2016. Dans celui-ci, la Cour des Comptes rappelle notamment qu’en 2014, « la Commission a pris acte du fait que les régimes volontaires n’apportaient pas d’éléments de preuve suffisants en ce qui concerne l’origine des déchets (…) ce qui signifie que depuis les premières décisions de reconnaissance de régimes volontaires en 2011, et jusqu’en 2014 au moins, des biocarburants considérés comme produits à partir de déchets et, de ce fait, comptant double pour la réalisation des objectifs nationaux, ont été certifiés sans que l’origine des déchets ait été valablement vérifiée ».
De fait, « les Amis de la Terre » s’inquiète du risque que Total refuse de rendre public son plan d’approvisionnement, « notamment sa liste de fournisseurs ». L’ONG ainsi que la CGT demandent donc au gouvernement de « forcer Total à revenir à la table des discussions », afin de présenter un plan qui prendrait en compte la potentielle interdiction de l’utilisation d’huile de palme en Europe : « C’est aujourd’hui la pérennité même du site de la Mède qui est en jeu (…) La Mède pourrait être demain un laboratoire pour penser la reconversion industrielle plutôt que de s’entêter dans un projet à contre-sens de l’Histoire », conclut l’ONG.