Des chercheurs de l’Institut économique pour le climat (I4CE) publient ce mercredi 1er avril, une étude qui souligne l’intérêt d’investir en faveur du climat pour sortir de la crise sanitaire en cours.
Conjuguer urgence sanitaire, sauvegarde économique et sortie de crise, en évitant un « plan de relance brun qui manqueraient des opportunités de faire du vert ». Voici ce que proposent les chercheurs de I4CE et de l’Université Paris-Dauphine, grâce à un plan de financement public de 7 milliards d’euros par an, associé à une trentaine de mesures. « Ce plan permet de déclencher annuellement 19 milliards d’euros d’investissements publics et privés favorables au climat », précise I4CE.
Après cette crise historique sans équivalent en temps de globalisation, la demande de résilience sera très élevée, estiment les chercheurs. « Nous avons voulu montrer comment on peut prendre des mesures qui nous rendront résilients face à de futurs éventuels chocs sanitaires, écologiques et économiques », explique Patrice Geoffron, professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine. « On ne fera pas face aux chocs sanitaires à venir avec du gel hydroalcoolique et des masques, il faut adapter nos sociétés aux changements climatiques », ajoute-t-il.
La SNBC comme repère de l’investissement pour le climat
L’étude prend en compte différents types d’objectifs et privilégie les leviers « qui offrent des bénéfices combinés dans trois domaines : l’environnement, l’économie et la santé », précise I4CE. Ainsi, les chercheurs se sont basés sur la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), comme « point de repère essentiel dans la mobilisation de l’économie en faveur du climat ». I4CE propose un plan avec trente mesures reposant sur cinq grands axes : les investissements publics dans les parcs de bâtiments et de transports ; les cofinancements publics : subventions, prêts aidés ; les obligations de travaux de rénovation énergétique ; les outils financiers ; et l’accompagnement technique.
Sept secteurs-clés de la SNBC sont ciblés : la rénovation des logements privés, celle des bâtiments tertiaires, le déploiement des véhicules bas carbone, les infrastructures de transport en commun, les infrastructures ferroviaires, les aménagements cyclables, et la production d’électricité renouvelable. « L’Etat consacrerait 4,3 milliards d’euros par an de plus au soutien des investissements favorables au climat, dont 1,3 milliard d’euros pour la rémunération des producteurs d’électricité renouvelable et 3,3 milliards d’euros pour le cofinancement des ménages, entreprises et collectivités qui entreprennent de nouveaux investissements », précisent les chercheurs. Les collectivités augmenteraient quant à elles leurs investissements et cofinancements de 2,1 milliards d’euros annuels. « La totalité de cette augmentation pourrait être financée par des instruments spécifiques aux projets, comme des subventions, des certificats d’économies d’énergie (CEE) ou des emprunts auprès des banques publiques et commerciales », précise I4CE. Enfin, les banques publiques diffuseraient 2,3 milliards par an de nouveaux engagements auprès des entreprises et des collectivités.
« Ce qu’on pouvait se permettre en 2009 n’est plus possible en 2020 »
« Le plan de relance qui a fait suite à la crise financière de 2008 était assez peu ambitieux au niveau du climat... Et le coût que nous allons payer de la crise actuelle devra nous permettre de comprendre ce qui n’a pas été fait par le passé et nous a mené face à ces difficultés », estime Patrice Geoffron. Pour lui, Il en va également de la crédibilité de la France au niveau européen, notamment dans le cadre du Green Deal présenté la nouvelle Commission fin 2019.
En 2009, « le plan de relance de la France n’était pas brun à proprement parler, mais il y a eu une opportunité manquée : là où pouvait faire du vert on ne l’a pas forcément fait », rappelle Benoît Leguet d’I4CE. « Et ce qu’on pouvait se permettre en 2009 n’est plus possible en 2020, d’autant que nous avons un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 », conclut-t-il.