Le texte final prévoit la diminution progressive du charbon au lieu de son élimination. Crédits : agnormark/Adobe Stock
Le Royaume-Uni a obtenu un accord mais son efficacité reste à prouver ! Pour les associations environnementales, son contenu ne donne aucune garantie que les États limiteront le réchauffement climatique à 1,5°C.
C’est un bilan en demi-teinte pour la COP26. Après deux semaines de débats et d’échanges entre les décideurs politiques à Glasgow, la conférence des Nations unies sur le climat s’est achevée samedi 13 novembre, sur un accord a minima qui a revu à la baisse les ambitions climatiques.
Ce texte, baptisé « Le Pacte de Glasgow pour le Climat », a retenu quelques mesures qui étaient jusqu’alors en discussion. Parmi lesquelles, l’adoption d’un cadre de transparence renforcée qui oblige désormais les États à rapporter leurs émissions carbone de « la manière la plus détaillée possible et de façon comparable ».
Autre point essentiel de cet accord, les pays membres doivent rehausser leur ambition à compter de 2022, dès que « leur contribution déterminée au niveau national ne serait pas dans la trajectoire de l’Accord de Paris ». Ces contributions feront l’objet d’un rapport de synthèse annuel au secrétariat des Nations-Unies. Cette demande « est une étape importante. Le travail doit commencer dès maintenant. Les pays les plus pollueurs, en particulier les pays riches, doivent se mettre au travail tout de suite pour limiter le réchauffement à 1,5°C », a déclaré Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat d’Oxfam France.
Réduire au lieu de sortir du charbon
Pour la première fois dans un document de la Convention climat, ce texte final mentionne la réduction de l’utilisation des énergies fossiles. Néanmoins, sur proposition de l’Inde, la partie du texte sur le charbon a été modifiée in extremis, en remplaçant le terme « phase out » qui signifie élimination progressive par « phase down », diminution progressive, du charbon. « On voit bien comment la volonté de trouver un accord à tout prix a abouti à affaiblir profondément les intentions de départ. Même pour le charbon, il n’est plus question d’en sortir mais seulement de le réduire . Ces éléments de langage sont surréalistes », a commenté Hubert Julien-Laferrière, député́ du Rhône et porte-parole de Génération Écologie, dans un communiqué.
Cette modification a suscité des critiques de la part des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. « Les pays riches ont tourné le dos aux pays les plus pauvres, les plus exposés aux conséquences des changements climatiques, en refusant des financements pour les pertes et dommages », fait savoir Oxfam France.
En outre, l’accord prévoit la fin des financements à l’étranger de projets d’exploitation d’énergies fossiles non adossés à des dispositifs de captage ou de stockage de carbone, d’ici fin 2022. Un accord que la France a rejoint après une longue hésitation. « Cette COP marque un affaiblissement sans précédent du rôle de la France dans les négociations internationales pour le climat. Le pays [...] s’est discrédité en n’étant pas en pointe pour la sortie des énergies fossiles et en prenant position contre la reconnaissance des pertes et dommages des pays pauvres. Le gouvernement a préféré encore une fois écouter les lobbys plutôt que les scientifiques », a regretté Hubert Julien-Laferrière.
Un financement limité
Les pays riches s’étaient également engagés à verser aux pays pauvres 100 milliards par an. Cette promesse n’a pas été finalement respectée. Dans la même lignée, les pays en développement ont proposé la mise en place d’un mécanisme de financement pour la compensation des « pertes dommages » subis après des événements climatiques extrêmes comme les tempêtes.
Mais les pays riches ont bloqué cette proposition et « ont seulement consenti à un financement limité pour de l’assistance technique et un « dialogue ». Cette issue dérisoire est sourde à la souffrance de millions de personnes », déplore Armelle Le Comte.
Émissions de méthane et déforestation
Par ailleurs, les États ont rejoint le « Gobal Methane Pledge », lancé par les États-Unis et l’Union européenne en septembre 2021. En ligne de mire, la réduction des émissions de méthane de 30 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2020, est le premier en la matière.
Les pays membres ont également signé une déclaration sur les forêts et l’utilisation des terres. Ces derniers s’engagent à arrêter et inverser la déforestation et la dégradation des terres à l’horizon 2030.
Limitation à 1.5 °C, un objectif atteignable ?
Avec ces timides avancées retenues dans l’accord final, « le maintien du réchauffement de la planète à 1,5°C maximum est tout simplement impossible », note Éric Andrieu, eurodéputé socialiste membre de la commission en charge de l’environnement.
« Le résultat de la COP 26 est tout simplement effarant : aucune mesure coercitive sur les énergies fossiles. Peu de moyens de la part des pays riches vers les pays les moins avancés : les 100 milliards promis depuis des années restent dans les limbes. Des puissances comme l’Inde ou la Chine font tout pour affaiblir le texte sur le charbon. La communauté internationale devrait avoir honte du message envoyé à sa jeunesse, qui n’est ni plus ni moins « qu’après nous le déluge », conclut-il.