Le volume d’émissions d’obligations ESG sur les marchés émergents devrait passer d’environ 50 milliards de dollars par an en 2020 à 360 milliards d’ici 2023. Crédit : Adobe Stock
Selon une étude publiée par Pictet Asset Management et l’Institut de la finance internationale (IIF), les émissions d’obligations durables pourraient atteindre 4500 milliards de dollars par an à l’horizon 2025.
Les investissements responsables devraient exploser au cours des prochaines décennies ! L’Agence internationale de l’énergie prédit un investissement annuel de 4 milliards de dollars dans les énergies propres d’ici la fin de cette décennie. Un financement qui ne pourrait provenir que du marché financier, en particulier des investisseurs en obligations, précise le rapport de Pictet Asset Management et l’Institut de la finance internationale.
Les placements financiers effectués sur la base de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) étaient surtout le fait d’investisseurs en actions. Toutefois, pour concilier finance et lutte contre le réchauffement climatique, « la contribution des investisseurs en obligations apparaît de plus en plus comme une nécessité », peut-on lire dans le rapport. Les marchés obligataires seraient à la hauteur de cet enjeu et pourraient mobiliser en obligations labellisées ESG près de 4500 milliards de dollars par an d’ici 2025.
Pour Sonja Gibbs, directrice générale et responsable de la finance durable auprès de l’IIF : « D’ici 2025, rares seront les portefeuilles dont l’allocation n’accordera pas une place de choix aux investissements verts et ESG. Et à l’horizon 2050, alors que les Etats et les entreprises du monde entier s’efforceront d’atteindre leurs objectifs de neutralité carbone, nous pourrons véritablement compter sur des marchés obligataires durables, gages d’un avenir meilleur. »
Evolution des green bonds
Une « révolution silencieuse » se déploierait au sein des marchés obligataires sur les 5-10 prochaines années. Un changement qui se matérialiserait par l’augmentation de la part des titres prenant en considération les critères extra-financiers au sein de l’univers obligataire. Parmi les structures novatrices « appelées à devenir la norme au cours des années à venir », l’étude met en évidence : les emprunts obligataires communément appelés obligations vertes (green bonds), les instruments de dette liés au développement durable dont les coupons intègrent des conditions de performance étatique ou entrepreneuriale, ou encore les obligations sociales.
Les emprunts labellisés ESG devraient donc occuper une place croissante sur les marchés de la dette émergente souveraine et du crédit. « Notre projection suggère que les émissions d’obligations labellisées ESG sur les marchés émergents pourraient passer de quelque 50 milliards de dollars américains en 2020 à 360 milliards de dollars américains en 2023 », précise l’étude. Une projection à mettre en perspective avec le maintien des émissions obligataires souveraines comme l’explique le rapport : « un des risques pour notre scénario de référence est la réticence de certains emprunteurs souverains à s’ouvrir au niveau de contrôle requis pour établir et maintenir de grands programmes d’émission d’obligations ESG ».
« Les obligations labellisées ESG constituent un segment de marché dont nous suivons l’évolution depuis un certain temps. L’étude confirme notre conviction qu’une révolution silencieuse se prépare sur les marchés obligataires. Une révolution qui profitera aux investisseurs, à l’environnement et à la société dans son ensemble », conclut Raymond Sagayam, CIO Fixed Income de Pictet Asset Management.