La CSRD entre progressivement en vigueur depuis le 1er janvier 2024, obligeant les entreprises à accélérer leur transition. La marche peut sembler haute pour les ETI et PME. Des financements existent pourtant pour accompagner leurs efforts de transformation, rappelle dans cette tribune Philippe Droin, directeur du pôle conseil de GreenFlex.
Bien que chahuté ces derniers mois, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) entrera en vigueur début 2024, et sera une petite révolution du côté des entreprises. Après la NFRD (Non Financial Reporting Directive), c’est elle qui encadrera la manière dont les entreprises rapportent leur prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux, avec l’objectif d’accroître l’uniformité et l’ambition des indicateurs. Les grandes entreprises seront les premières assujetties tandis que l’application s’étalera jusqu’à 2027 pour la plupart des ETI et PME concernées. Néanmoins, les grands donneurs d’ordre les solliciteront rapidement pour fournir les informations et remplir les critères requis. En modifiant leurs cahiers des charges, ils pousseront leurs fournisseurs et partenaires à prouver leur engagement, et provoqueront plus de durabilité en cascade.
La marche peut sembler haute pour certains acteurs. Mais un échelonnement des mesures est prévu par la CSRD, qui invite surtout à ce que tous se mettent en route. En France, les ETI, PME et TPE représentent 99 % du nombre d’entreprises et la moitié de la masse salariale. Nous en aurons particulièrement besoin pour réussir la transition énergétique, environnementale et sociale, alors que jusqu’à présent, elles investissent majoritairement peu pour se transformer.
Montrer patte verte pour être financé
Pourtant, bonne nouvelle : les financements existent. Reste à savoir où et comment les mobiliser. Les subventions publiques pour accélérer la transition énergétique et environnementale sont nombreuses (France 2030, subventions de l’ADEME comme le Fonds chaleur ou PACTE industrie…). En complément, il faut combiner les aides privées comme les CEE (Certificats d’économie d’énergie), et les solutions de financement sur-mesure, telles que la location évolutive ou les contrats de performance énergétique, afin de réduire le reste à charge et garantir les résultats économiques et environnementaux. Enfin, les banques seront de plus en plus enclines à prêter pour des projets verts, en particulier pour respecter leurs engagements dans la Net Zero Banking Alliance.
L’étau réglementaire se resserre aussi pour réorienter les flux de cette façon. Au niveau européen, la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) vise à encadrer le reporting des fonds d’investissement, à travers une classification commune, et une obligation de transparence sur la durabilité des produits financiers. Les banques voient leur métier évoluer dans le même sens sous le coup d’une série de cadres et réglementations (TCFD au niveau international, taxonomie verte et CSRD à l’échelle européenne, loi PACTE en France…). Demain, il faudra donc montrer patte verte pour pouvoir être financé. Ces types de projets sont nouveaux pour les acteurs financiers, qui ont d’autant plus besoin d’être rassurés sur le caractère réellement durable de leurs investissements, et d’obtenir des garanties techniques.
Se mettre en route avec un plan
Alors que faire en tant qu’entreprise de taille moyenne ? Il est urgent de se structurer, de créer sa feuille de route, son plan d’actions et de financement, en tenant compte de tous les impacts sociaux et environnementaux, et en mettant en place la bonne gouvernance. Établir son plan pour les années à venir sert à prendre les choses dans le bon ordre. Identifier les bonnes actions à court terme permet notamment de dégager des gains rapides pour investir sur des rendements au plus long court. En matière de transition énergétique, commencer par des mesures de sobriété et d’efficacité peut par exemple amener 10 à 30 % d’économies faciles, et aider au financement de la suite.
Bien sûr, dans la batterie réglementaire, il faudra veiller à la protection des entreprises européennes aux frontières, pour préserver la compétitivité de notre tissu économique. La réorientation des flux financiers vers une économie durable sur notre continent est honorable. Pour les ETI et PME, il s’agit avant tout d’entrer suffisamment vite dans la course pour ne pas prendre de retard, et rester fournisseurs de choix.