«Le bois massif de construction n’est pas simplement une alternative, c’est un élément clé de la transformation durable de notre environnement », défend dans cette tribune Yousra Gherairi, directrice des ventes France, Iberia et Benelux chez Stora Enso.

En France, le bâtiment représente 43 % des consommations énergétiques annuelles et génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre. Ces dernières concernent l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, de sa construction à sa destruction, en passant par son exploitation quotidienne (cela inclut par exemple la production des matériaux de construction tels que le béton, l’acier ou le ciment, très gourmands en énergie fossile, mais aussi le transport des matériaux, la gestion des déchets et la production d’énergie pour les occupants). 

Cependant, nous avons besoin plus que jamais de construire ou de rénover de nouveaux logements : en France, 42 millions de personnes ne trouvent pas à se loger. Plus de 600 000 logements sont également considérés comme « indignes » car portant atteinte à la santé, la sécurité ou à la dignité humaine. Pourtant, l’offre de logement est en net recul. Ainsi, le nombre estimé de chantiers commencés connait un ralentissement marqué (- 19,6 %) sur 12 mois. Les raisons de cette crise sont connues : hausse du prix des matières premières, difficultés d’approvisionnement, règlementations concernant les ZAN… Les rénovations sont également ralenties car 60% des copropriétaires n’envisagent pas de rénover les logements classés en F ou G à court terme, souvent faute de financement. Or, la crise du mal logement ne saurait attendre, et il ne reste que six ans pour réduire de moitié les émissions mondiales de carbone.  

Dans ce contexte de manque d’offre et d’urgence climatique, la construction en bois massif apparaît comme une stratégie clé dans la réduction des émissions globales de carbone du parc immobilier. Permettant à la fois la modernisation, la rénovation et la construction rapide de bâtiments, le bois massif a une réelle carte à jouer pour résoudre cette équation. 

Le bois massif en action 

Le bois massif, en tant que matériau de construction, présente un avantage de taille face à ses concurrents car il pousse à l’infini. Contrairement au béton ou à l’acier, les arbres séquestrent le dioxyde de carbone tout au long de leur cycle de vie. En outre, le bois de construction est le seul matériau dont la capacité de charge et la durabilité sont si élevées qu’il peut remplacer les matériaux de construction traditionnels dans les projets de construction à moyenne et grande échelle. Il offre le double avantage de réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère tout en fournissant un matériau de construction polyvalent. 
 
Une structure bois peut être conçue de manière optimisée, pour être immédiatement compatible avec les contraintes de fabrication et d’assemblage (DfMA). Cela permet ainsi de réduire les coûts de construction ainsi que l’impact sur l’environnement, et facilite l’installation rapide de bâtiments à partir d’éléments préfabriqués. Ecoles, bureaux à plusieurs étages, réutilisation de bâtiments existants… les kits en bois massif utilisent des techniques de préfabrication qui permettent d’assembler des étages entiers en une journée, avec des éléments prédécoupés, tels que des escaliers, des toits et des planchers, 30 % plus rapidement que dans une construction en béton. Cette méthode permet non seulement de minimiser les coûts de main-d’œuvre et de logistique, mais aussi d’améliorer la sécurité et la qualité. Cela permet de construire tout au long de l’année, quel que soit le climat. 

Dogger Bank, le plus grand parc éolien offshore du monde, en est un bon exemple. Destiné à fournir de l’électricité à plus de six millions de foyers, le bâtiment abritera également une salle de contrôle qui fournira 5 % de l’électricité totale du Royaume-Uni. Construit en seulement 14 mois à l’aide d’éléments sur mesure de la gamme de plafonds et planchers CLT de Stora Enso (Sylva™️), en partenariat avec B&K Structures, leader au Royaume Uni dans la conception et la réalisation de structures hybrides, ce parc éolien démontre tout le potentiel du bois massif. D’autre part, la légèreté et la maniabilité du bois en font un matériau idéal pour la rénovation, qui permet de prolonger la durée de vie des bâtiments existants quand il n’y plus de besoin pour l’usage auquel ils étaient destinés. Des rénovations et réhabilitations durables permettent ainsi d’économiser les millions de tonnes de déchets et de pollution qui résultent de la démolition des bâtiments. 

Arboretum, premier complexe de bureaux en ossature bois d’Europe, construit à Nanterre par le promoteur WO2, constitue un tournant dans la construction et répond à la demande croissante d’architecture à faibles émissions de carbone. Cet exemple démonstrateur de prouesse « écologique », avec quelque 32 400 m³ de bois répartis sur 105 000 m² de bureaux et son parc de 9 hectares, réinvente le concept d’immeuble de bureaux urbain en illustrant les nombreuses possibilités écologiques, économiques, réglementaires et techniques liées à l’utilisation de bois durable pour des structures à grande échelle.  
Ce campus réussit ainsi le pari de répondre aux attentes des jeunes générations arrivant sur le marché du travail, 71% des jeunes interrogés par une enquête de l’IFOP datant de février 2024 se déclarant prêts à allonger leur trajet domicile-travail, jusqu’à 15 minutes pour travailler dans des bureaux de dernière génération à haute performance environnementale (pour un poste aux contenu et niveau de revenu équivalents).   

Le complexe immobilier en bois Cederhusen à Stockholm, primé, composé de 4 immeubles résidentiels de 13 étages construit au-dessus de 3 tunnels d’autoroutes et de ligne de chemin de fer constitue un autre bel exemple d’aménagement urbain et de développement durable par le promoteur immobilier Folkhem. Grâce à l’utilisation de bois massif, les équipes ont réussi à surmonter les restrictions de charge qu’elle pouvait faire peser sur le tunnel au-dessus des autoroutes suédoises E4/E20 et de la ligne de chemin de fer Värtabanan. Non seulement le bois a permis de construire jusqu’à 13 étages -soit beaucoup plus haut que ce que permet le béton- mais aussi l’espace locatif disponible a pu être augmenté de 55 %. 

Aujourd’hui le bois massif de construction n’est pas simplement une alternative, c’est un élément clé de la transformation durable de notre environnement. L’adoption du bois massif pour la construction hors site et la rénovation représente une étape essentielle en vue d’atteindre les objectifs mondiaux en matière d’émissions et la réponse aux enjeux du marché de l’immobilier : produire davantage, produire plus vite mais produire mieux en respectant à la fois les usagers et l’environnement extérieur, pour une offre de construction plus durable.