Que faire des boues de curage ? La question revient fréquemment chez les gestionnaires de voies d'eau. Dans la métropole lilloise, les services de l'État, la communauté urbaine, l'établissement public foncier et VNF ont trouvé une solution originale. Les sédiments extraits du canal de Roubaix, en vue de sa réouverture à la navigation de plaisance, ont été épandus sur le site d'une ancienne usine chimique, la friche PCUK à Wattrelos (59). Très exactement, sur un terril de phosphogypse, résultant de la fabrication d'engrais et de pigments.
À l'origine, en 2006, la Drire s'est un peu fait prier pour autoriser cet empilement de « pollution sur pollution ». Elle a finalement assorti son accord de prescriptions comparables à celles d'une mise en décharge de déchets non dangereux (lire aussi « le couac », p. 14). Les boues les plus chargées en hydrocarbures (20 000 m3) ont été exclues de l'opération et expédiées sur un autre terrain de VNF. Le reste (130 000 m3) a été acheminé à Wattrelos. Une zone de 4 ha, tapissée de drains et de géomembranes, avait été aménagée au sommet du crassier. Dans un premier casier, les techniciens de VNF ont vérifié que les teneurs en métaux des sédiments ne dépassaient pas les seuils fixés. Dès lors, le belge Ghent Dredging pouvait les modeler en andains, retournés régulièrement pour faciliter la digestion bactérienne des hydrocarbures légers et accélérer le séchage. Enfin, les sédiments ont été étalés et recouverts de 50 cm de terre végétale. À terme, le site sera ouvert à la promenade. Coût de l'opération, bouclée cet automne : 9 millions d'euros.