Depuis la note ministérielle du 8 février 2007 sur les modalités de gestion et de réaménagement des sites pollués, les données obtenues au cours du diagnostic pour identifier un site potentiellement pollué ne sont plus comparées à des valeurs guides, mais au bruit de fond géochimique local. Il s'agit de la concentration moyenne en éléments métalliques dans un sol donné, sans l'impact d'une activité. « Les sols urbains et périurbains se distinguent par les remblais. Le bruit de fond devient celui d'un sol anthropisé, hors activité industrielle », explique Jacques Martelain, P-DG de Tauw France et animateur du groupe sites et sols pollués du réseau rhônalpin d'éco-entreprises, l'Appel. « Les données dont nous disposons ne sont pas adaptées au milieu urbain, dans lequel sont pourtant réalisés la plupart des diagnostics de pollution », poursuit-il. Les valeurs accessibles sont celles du BRGM, obtenues pour la recherche minière sur des sites éloignés des villes, ou encore de l'Inra sur des sols agricoles. Pour y remédier, la communauté urbaine de Lyon et l'Appel réalisent une base de données sur le bruit de fond géochimique sur le territoire communautaire. Vingt-cinq bureaux d'études et sociétés de dépollution participent à la confection de cet outil. Sur les chantiers, sauf désaccord du propriétaire, des échantillons sont prélevés par carottages. Le territoire communautaire est divisé en mailles de 1 hectare de côté, afin de repérer géographiquement le lieu du prélèvement. Pierre Clottes, référent sites et sols pollués au Grand Lyon, envisage de « mener une consultation auprès des maîtres d'ouvrage publics et privés dans le but d'expliquer la démarche ». Pour chaque échantillon est précisé le type de bruit de fond : naturel, avec apports d'origine naturelle, avec apports d'origine anthropique. Dans la base de données figurent également une description physique du prélèvement (couleur, matériaux, granulométrie), la coupe lithologique du forage, qui précise la nature des roches, et sa localisation géographique. L'analyse géochimique du sol, et éventuellement des éluats, est réalisée par ICP (Inductively coupled plasma), une technique qui dose les éléments présents. « Décrire le plus finement possible permet une utilisation des données par le plus grand nombre », souligne Jacques Martelain. Une notice d'utilisation de cet outil devrait également voir le jour. Le Grand Lyon se charge d'actualiser cette base de données qui compte, pour le moment, une dizaine d'échantillons. Prochaine étape : sa présentation à la Dreal. « En effet, une validation constituerait une reconnaissance de la valeur technique de cette base. Les bureaux d'études pourraient s'y référer dans leurs travaux », ajoute Pierre Clottes.