Une étude de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) et de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR), attire l’attention sur la surveillance de la qualité de l’air intérieur.
Des chercheurs de l’EPFL, de l’HEIA-FR et du Centre universitaire de médecine générale et santé publique, ont étudié la concentration de radon, de polluants chimiques (Composés organiques volatils – COV) et biologiques à l’intérieur de logements à faible consommation énergétique en Suisse romande. « Les scientifiques ont analysé la qualité de l’air à l’intérieur de logements individuels, neufs ou rénovés. Les occupants de ces habitations ont complété, entre 2013 et 2016, un questionnaire sur leurs habitudes de vie et leur logement et reçu par la poste des kits de mesure, sur l’impulsion du Centre romand de la Qualité de l’air intérieur et du radon (CROQAIR) de la HEIA-FR, responsable du projet Mesqualair », explique l’EPFL sur son site.
Conclusion : les bâtiments dont les façades avaient été isolées sans mesures favorisant un bon renouvellement de l’air, présentent les concentrations les plus élevées de polluants. Les concentrations les plus basses ont été relevées dans les bâtiments dotés d’une ventilation mécanique, en majorité des bâtiments neufs. « Les chercheurs appellent ainsi les professionnels du bâtiment, les autorités compétentes et la population à porter plus attention à la qualité de l’air intérieur, afin d’assurer la qualité durable de l’environnement bâti en Suisse et d’éviter les conséquences sanitaires connues de ces composants dans l’air, à l’instar du cancer du poumon, des troubles respiratoires et cardiaques et de certains cancers », souligne l’EPFL.
Attention aux rénovations
Les scientifiques supposent que les niveaux élevés de COV mesurés dans les immeubles construits entre 1950 et 1990, sont dus à certains matériaux de construction, à l’absence de ventilation mécanique et à l’absence de fuites d’air naturelles, « associée aux nouvelles conditions d’isolation, après rénovation énergétique ». En effet, sur 60 bâtiments rénovés étudiés, une tendance à l’augmentation de 20% du niveau de radon a été observée, par rapport aux mesures effectuées avant rénovation. La présence de garages et de caves sont des facteurs aggravants identifiés.
« Si nous négligeons l’impact de ces rénovations sur la qualité de l’air intérieur, les gains relatifs en termes d’économies d’énergie pourraient être bien inférieurs aux pertes résultant d’une dégradation de la santé et de la productivité des habitants. La profession devrait tenir compte simultanément de ces deux enjeux et ne pas les opposer », estime Dusan Lucina, professeur assistant enure track à l’EPFL situé au Smart Living Lab et co-auteur des publications.