Des centaines de fuites majeures de méthane liées à l’exploitation du pétrole et du gaz ont été repérées par une équipe de recherche internationale, pilotée par le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CNRS/CEA/UVSQ) associé à la société Kayrros. D’après l’étude parue dans la revue Science, les quantités abondantes des émissions de méthane libérées dans l’atmosphère peuvent s’agir de « rejets accidentels ou liés à des opérations de maintenance », conduisant à des fuites importantes.
Pour quantifier ces rejets, les chercheurs ont analysé des milliers d’images produites quotidiennement pendant deux ans par le satellite Sentinel-5P de l’ESA. Ils ont cartographié « 1 800 panaches de méthane à travers le globe, dont 1 200 ont été attribués à l’exploitation d’hydrocarbures ». L’observation montre que ces rejets ne sont pas « aléatoires » mais sont détectés « systématiquement » au-dessus de certains sites d’extraction d’énergies fossiles : pétrole et gaz. Les émissions de méthane quantifiées seraient principalement liées aux opérations de maintenance et des protocoles de réactivité face aux fuites accidentelles.
Carte montrant la localisation des principaux gazoducs et les principales sources d’émission de méthane liées à l’industrie pétrolière et gazière. © Kayrros Inc., Esri, HERE, Garmin, FAO, NOAA, USGS, OpenStreetMap contributors, and the GIS User Community
Une sous-estimation des émissions
Les données présentées pourraient également expliquer en partie la « sous-estimation des émissions de méthane liées aux hydrocarbures observée dans les inventaires officiels ». D’autant plus que le niveau des rejets peut être plus important qu’observé.
« Correspondant à 10 % des émissions estimées du secteur, ces observations ne sont que la partie visible de l’iceberg, car le satellite n’est capable de détecter de manière systématique que les panaches les plus massifs, qui sont aussi les plus intermittents (plus de 25 tonnes de CH4 par heure) », peut-on lire dans l’étude.
Atténuer ces rejets
Les fuites de méthane ont « un impact climatique comparable à celui de la circulation de 20 millions de véhicules pendant un an », estiment les chercheurs. Mais leur atténuation entraînerait des « bénéfices climatiques et économiques se chiffrant en milliards de dollars » pour les principaux pays producteurs d’hydrocarbures et responsables de ces émissions.
Ces travaux insistent ainsi sur la nécessité d’introduire un système de surveillance atmosphérique qui permettrait à la fois « de suivre les émissions de façon systématique » et d’estimer « l’impact de mesures locales visant à les réduire ».