Jacques Menut, 74 printemps au compteur, a passé le flambeau à ses enfants, comme avant lui son père, son grand-père et son arrière-grand-père. Il continue cependant d'arpenter les quatre chantiers (Vendôme, Saint-Pierre-des-Corps, Chartres et Bourges) pour conseiller sa progéniture. La pérennité est désormais assurée par l'aîné, Jérôme, entré à la direction dans les années 80, puis les deux sœurs Marie et Hélène, à des postes administratifs. Enfin le cadet, Jean, a rejoint la direction depuis une dizaine d'années. L'entreprise a démarré comme récupérateur de peaux de lapins, de plumes, d'os et de chiffons, puis a évolué avec le secteur en développant une activité papier-carton. Dans les années 50, Menut prend une nouvelle orientation avec la collecte et le tri des ferrailles. Intimement convaincu qu'il fallait prendre ce chemin, Jacques donne à la société une autre dimension, ne lésinant pas à investir lourdement dans un premier broyeur, au grand dam de son père, angoissé de prendre un tel risque économique. Ce calcul est pourtant réfléchi et la chance est au rendez-vous, se rappelle-t-il : « J'ai toujours pensé que dans ce métier, il fallait investir pour s'adapter aux marchés, mais ne pas dépenser plus que ce qu'on gagne. » Un conseil payant pour Menut Recyclage, qui traite actuellement 100 000 t/an de matière et dispose d'un broyeur de 2000 cv : « Notre site de Saint-Pierre, le plus grand des quatre (quatre hectares) fait partie des petits chantiers du secteur, comparé aux broyeurs de 6 000 CV. Mais notre ambition n'est pas de faire de la quantité. Nous voulons rester innovants pour produire de la qualité », assure Jean Menut, le cadet. Le message a été bien transmis. Et Jacques en est fier : « J'ai commencé à travailler dans l'entreprise à 17 ans. J'ai toujours aimé cela. Mais rapidement, je me suis aperçu que la récupération des peaux de lapins et chiffons pour la papeterie ne rapportait pas assez. Il fallait miser sur les ferrailles. Ce sera toujours l'avenir de notre entreprise. Pour rester dans le circuit, il faut se spécialiser dans un domaine. Ainsi, on peut travailler avec un outil moderne et performant. » Transmission naturelle De la première à la cinquième génération, la société a été transmise en douceur, presque naturellement : « Notre quotidien a toujours été bercé par cette activité. Avant d'en prendre les rênes, il y avait déjà une attache très forte. Nous avons intégré l'entreprise avec pour chacun des fonctions différentes, correspondant à notre caractère. » Jean Menut, la trentaine, croit plus que jamais en l'avenir de cette profession : « Notre activité est devenue stratégique pour le pays. Dans un contexte de mondialisation, notre secteur n'est pas délocalisable, mais doit se plier aux contraintes réglementaires et environnementales. » Les mentalités changent et l'entreprise se tourne vers l'extérieur, à l'affût des nouvelles technologies numériques et de post-broyage, mais aussi à la rencontre des riverains avec l'accueil des écoles et des élus. Un enjeu pour l'image et la pérennité de ce métier. Au fil des décennies, Menut Recyclage parcourt un chemin presque sans embûches. Fidèle à l'état d'esprit de la famille, Jean Menut a trouvé les mots qui le reflètent : « C'est un avenir qui s'écrit tous les jours. »