La gestion des métaux se transmet depuis trois générations chez « les Nadaux ». Pourtant, aucun des membres de la famille n'avait la vocation. Le grand-père espagnol, « Monsieur Nadal », démarre l'activité en 1923 à Toulouse, alors qu'il est ingénieur chimiste, puis crée l'entreprise Nadal dans les années quarante. Mais il est plus proche des universitaires que des « ferrailleurs ». C'est pour avoir fondé le premier Crous (œuvres universitaires) de la région Midi-Pyrénées que la ville de Toulouse lui décerne la « Place Agapito Na-dal ». Lorsque Bernard, son fils, aujourd'hui P-DG de Nadal Recyclage, est appelé à le rejoindre, il est étudiant en langues étrangères à Londres pour devenir diplomate. Son propre fils, Philippe, directeur général qui fête ses 20 ans dans l'entreprise, se destine à la musique quand il est embauché à son tour. Sa sœur, Frédérique, interrompt une carrière de comptable et les rejoint au début des années 2000 pour codiriger le second site, à Narbonne.
En 2009, Bernard et Philippe Nadal quittent le centre-ville trop encombré pour s'installer dans une zone d'activité toujours à Toulouse : « Beaucoup d'artisans n'auraient pas fait 25 km pour nous livrer » précise Philippe. «Aujourd'hui, nous sommes fiers de recevoir dans notre entreprise ! lance Bernard qui qualifie ce nouveau site de « renaissance ». Si je suis encore là à 70 ans, c'est pour en profiter… ». Tous les jours, le « gardien du temple », est donc présent dès 7 h 30. Le virage industriel s'est effectué en 2005. Pour Philippe Nadal comme pour son père, il s'agit d'un tournant salutaire : « Nous voulions construire un vrai site industriel. La surface a doublé, un quart est réservé aux espaces verts. Les essences de bois ont été imposées, sauf trois oliviers de 500 ans que nous avons replantés ». Un symbole de longévité auquel le père tient beaucoup.
Sans rupture générationnelle, père et enfants ont conduit ce changement de concert. « Avec le réseau Praxy, j'ai rencontré de belles entreprises dans le Nord, des ingénieurs des Mines, qui ont fait des études à l'étranger… Mais mon père nous avait préparés à ce modèle : il est l'un des premiers de la région à avoir équipé l'entreprise de l'affichage électronique, d'ordinateurs, de presses-cisailles… », poursuit-il.
Passage au vert
La protection de l'environnement est l'autre grand chantier de Philippe Nadal, peut-être plus personnel. La certification ISO 14 001, obtenue en 2012, vient d'être renouvelée. Il a en projet, la certification ISO 9 001 pour la qualité et ISO 26 000 pour la RSE. Philippe se défend volontiers d'être un commercial. « Je n'ai pas de discours préparé, mais je négocie les prix en direct ». Car la famille compte surtout sur son sens inné du relationnel : « Nous n'avons jamais embauché de professionnel à ce poste. Ma tante Anita a assumé ce rôle pendant une dizaine d'années. À mon arrivée, je démarchais tous les matins avec ma voiture personnelle… », explique-t-il. Aujourd'hui, il négocie plus avec des responsables QSE que des chefs de chantier, mais toujours avec la même courtoisie.
Avec le sens de l'humain et le sourire, les Nadal mènent l'entreprise. L'accueil chaleureux, c'est un peu la « recette maison » : « C'est important chez nous. Avec le personnel, les prestataires… le respect passe par une ambiance cordiale, à laquelle chacun contribue », confirme Bernard Nadal.