« Globalement, on constate une amélioration, sur l'ensemble du bassin, de la qualité des boues et des filières de traitement et d'élimination », juge Fabien Abad chef du service Pollutions et service public eau assainissement à l'agence Rhône Méditerranée Corse. Et les chiffres sont là. Côté qualité d'abord, 98,5 % des Step (station d'épuration) ont produit en continu des boues conformes alors qu'elles n'étaient que 93 % en 2000. Cependant, 9 % des Step ont eu au moins une fois dans l'année un lot de boues de qualité non conforme avec, comme principale source de déclassement, le cuivre.L'étude constate une baisse générale des concentrations de polluants sauf pour le zinc. Cette baisse varie de -10 % pour le cadmium à - 66 % pour les HAP en passant par - 44 % pour le plomb, - 47 % pour le mercure et - 44 % pour les PCB. « Ces résultats sont le fruit d'actions cohérentes qui concourent à réduire les polluants industriels dans les réseaux publics. Ainsi 45 opérations collectives sont en cours auprès des entreprises pour les accompagner dans la gestion de leurs effluents », explique Fabien Abad. Des opérations qui se révèlent particulièrement efficaces pour les pollutions diffuses, comme c'est le cas pour le cuivre (seulement -12 %) et le zinc (+ 7 %) pour lesquelles il reste impossible d'identifier une origine particulière.Pour encourager les collectivités, l'agence a sorti d'autres aiguillons. Elle a instauré en 2013 un bonus sur la prime épuratoire pour les collectivités qui produisent des boues de très bonne qualité. Ainsi 70 % des Step ont produit, au moins une fois dans l'année, des boues de qualité compost normé, soit une qualité trois à huit fois supérieure à celle des boues pour épandage. L'agence procède aussi chaque année à des audits des unités de compostage. « Nous en sommes à notre troisième campagne d'audit. Cela a contribué à assainir le marché et professionnaliser les centres de compostage », reconnaît Fabien Abad. Autant d'actions qui ont contribué à diversifier et équilibrer les différentes filières de traitement et d'élimination. Et c'est bien l'objectif de l'agence. « Le rôle de l'agence n'est pas de favoriser une filière en particulier mais de sécuriser le traitement des boues », précise Fabien Abad.On constate ainsi une véritable évolution des filières entre 2009 et 2014. Globalement l'enfouissement a quasiment disparu (de 10 à 3 %), l'épandage diminue fortement (de 26 à 18 %) et l'incinération reste marginale (1 %). Le basculement se fait au profit du compostage qui passe de 30 à 45 %. Attention toutefois, les différences régionales sont importantes selon le contexte agricole. Ainsi on relève quasi 100 % de compostage en Corse et 55 % d'incinération en Rhône-Alpes. Dernier point exploré par l'étude, les distances parcourues par les boues pour être compostées. Si 60 % des boues destinées à être compostées ont été acheminées dans une unité de compostage à moins de 50 km, 16 % parcourent plus de 100 km. L'agence évalue ainsi ces transports à 2 500 000 km et reconnaît que « ces exportations posent question en termes de cohérence géographique ». Elle s'interroge d'ailleurs sur « la pertinence d'instaurer un indicateur permettant d'évaluer l'impact carbone de la filière compostage ». DB