L’usage du PET opaque est grandissant. Le recycleur Paprec et le conditionneur LSDH créent une coentreprise pour développer une filière de recyclage en boucle fermée de ce matériau encore considéré comme indésirable. Un défi technique, mais aussi commercial, auquel s’associe Carrefour.
« On aurait pu se détester. » C’est avec ces mots que Sébastien Petithuguenin, directeur général de Paprec Group, a commencé la présentation, le 6 juillet dernier, de l’association de son entreprise avec le groupe LSDH (Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel), à travers la fondation d’une coentreprise. Pour Emmanuel Vasseneix, président du groupe LSDH, il s’agit de « convaincre que le PET opaque » est une bonne solution. C’est principalement dans la fabrication des bouteilles de lait que le polyéthylène téraphtalate (PET) opaque remplace progressivement le PEhd (polyéthylène haute densité). Cette résine, qui allège de 30 % le poids de la bouteille, présente bien des avantages pour les fabricants et conditionneurs de liquides alimentaires. Mais ce plastique perturbe les chaînes de recyclage et la filière est arrivée à la limite de ce qui est techniquement admissible pour continuer à mélanger PET opaque et PET coloré. Au-delà de 15 % de PET opaque incorporé, les fibres synthétiques produites deviennent cassantes. C’est pourquoi le groupe Paprec et LSDH s’associent pour mettre sur pied une filière de recyclage. L’idée est celle de la boucle fermée (ou bottle-to-bottle), c’est-à-dire être capable de fabriquer de nouvelles bouteilles de lait avec le produit du recyclage qui conservera son grade alimentaire. La coentreprise (50-50) a pour objectif de promouvoir et développer ce cycle.
Techniquement, il va falloir d’abord mettre au point le process de surtri nécessaire à la séparation du PET opaque blanc, pour en faire une nouvelle sorte. Ensuite, sa régénération sera développée pour le transformer en une matière première apte au contact alimentaire. Enfin sera étudié le mélange de matières vierges et recyclées pour créer un nouvel emballage adapté aux demandes des consommateurs. Et c’est là qu’interviendra Carrefour une fois les contrôles sanitaires validés. Pour aider le consommateur à accepter une bouteille devenue gris clair, la quantité de recyclé s’affichera nettement sur l’emballage et Carrefour se chargera de la communication dans ses linéaires. Le premier objectif visé est de 50 % de recyclé.
Pour Paprec, cette évolution va se traduire par une adaptation de ses centres de tri afin d’éviter le passage par un centre de surtri, une étape intermédiaire qui renchérit les coûts. Pour l’instant, les bouteilles opaques seront surtriées à l’usine Trivalo Bretagne de Paprec, près de Rennes, d’où les balles rejoindront l’unité de France Plastiques Recyclage, à Limay, dans les Yvelines, gérée par Paprec. C’est là que sera validé le process, les premiers essais s’étant montrés concluants. En attendant, les deux entreprises vont devoir consentir de gros investissements. Paprec a déjà transformé sa ligne de tri bretonne pour 22 millions d’euros et l’installation d’une ligne complémentaire de traitement du PET opaque dans un centre de tri s’élève à 4 millions. De son côté, LSDH prévoit d’investir un million dans la R&D, uniquement pour la phase de validation et de s’engager dans la voie de l’écoconception pour réduire voire supprimer la quantité d’opacifiants. « Le défi de l’écoconception est énorme. Demain, la norme sera de mettre sur le marché des emballages écoconçus. Car, dans cinq ans, le PET opaque sera toujours là », prédit Sébastien Petithuguenin. « On est à l’aube de ce qui va se passer dans le domaine de l’emballage », conclut Emmanuel Vasseneix.