Dans le cadre de la société de stockage, maintenance et recyclage d’avions Tarmac Aerosave, le groupe Suez a développé une technologie qui permet de valoriser les fibres carbone présentes dans les avions, pour une réutilisation dans la carrosserie automobile.
Valoriser les composites carbone présentes dans les avions : c’est le but de XCrusher, la technologie développée par Suez et la start-up Camille. En 2007, le groupe Suez a créé avec Airbus et Safran, la société Tarmac Aerosave pour le stockage, la maintenance et le démantèlement d’avions. Sur les deux sites de la société à Azereix (Hautes-Pyrénées) et Teruel (Espagne), 450 avions ont été stockés en dix ans, et plus de 90 ont été recyclés sur la seule année 2017. Sur la totalité des avions stockés, 20% font l’objet d’un démantèlement, dont 92% des pièces et matières sont recyclées ou valorisées. « Dans le processus de démantèlement, Suez apporte ses connaissances en valorisation et réutilisation des métaux ferreux ou des différents fluides, ainsi qu’en réglementation. Nous travaillont également à la valorisation des 8% restants », explique Nicolas Bequaert, directeur général délégué recyclage et valorisation France du groupe Suez.
Mais si l’aluminium, le cuivre ou encore l’inox sont facilement valorisés en fonderies, le groupe s’est dernièrement penché sur le cas complexe des composites carbone : en partenariat avec la start-up Camille, Suez développe en effet une nouvelle technologie depuis deux ans. Cette dernière, qui fonctionne grâce à un arc électrique puissant, est capable de séparer la résine des composites carbone, contenus dans certaines pièces démontées. « Pour réutiliser les fibres carbone et conserver leurs propriétés mécaniques, il est important de les séparer, sans les impacter, de la résine qui représente 20% d’un composite carbone », précise Nicolas Bequaert.
D’ici 20 ans, les fibres carbone représenteront 50% du poids des avions
Ces fibres sont principalement réutilisées pour la construction de pièces automobiles, des carrosserie et des pare-chocs. « Aujourd’hui, les avions démantelés ne comportent pas beaucoup de composites carbone », explique Nicolas Bequaert, « mais ces fibres sont de plus en plus présentes dans les processus de fabrications actuels », poursuit-il :« Aujourd’hui, 20% du poids d’un A380 est constitué de fibres carbone. Cette part sera de 50% pour les A380 qui seront démantelés d’ici 15 à 20 ans. » Ce qui laisse présager de l’importance future de leur valorisation sur le marché. « Nous récupérons également les chutes de production au cours de la construction des avions neufs », ajoute le directeur général délégué recyclage et valorisation de Suez. De plus, la valeur de cette matière est élevée : entre 10 et 15 euros/kg, contre 0,7 euros/kg pour l’aluminium par exemple. « Le pilote de cette technologie a déjà produit 50 kg de fibres carbone », indique Nicolas Bequaert. D’ici fin 2017, le procédé sera développé à échelle industrielle.
A noter que d’ici la fin de l’année également, Tarmac Aerosave va ouvrir un troisième site à Francazal, près de Toulouse, dans un hangar de près de 5.000 m² après avec remporté un appel d’offres. Le président de la société Philippe Fournadet précise que d’autres projets sont en cours de développement en Europe et dans le monde.
Sur le site de Tarmac Aerosave à Azereix (Hautes-Pyrénées) Crédit : Eva Gomez