Le territoire, qui se projette « première éco-région d’Europe », ne recycle qu’un petit tiers de ses déchets d’emballages légers et de papiers, selon un bilan publié le 15 novembre.
Depuis 2008, le tri stagne en Ile-de-France, avec 20 kilos de verre collectés par an et par habitant et 35 kg/an/hab. d’emballages légers et de papiers, selon les dernières données de l’Observatoire régional des déchets (Ordif) portant sur l’année 2016. Des ratios inférieurs respectivement d’un tiers et de moitié aux moyennes nationales (47 et 30 kg/an/hab., Ademe, données 2015). En termes qualitatifs, le Francilien maîtrise passablement les consignes : le taux de refus moyen en sortie de centre de tri est de 24,4 % contre 18 % au plan national (Ademe, données 2014).
Des résultats au tiers du potentiel théorique
Si le verre est le matériau le mieux capté (59 % du gisement), 14 kg/an/hab. échouent encore à la poubelle. Seuls 28 % des emballages légers et des papiers sont canalisés, 68 kg/an/hab. partant en mélange avec le flux résiduel. Sur ces produits, il serait donc « théoriquement possible de multiplier par trois les quantités envoyées vers le recyclage », observe l’Ordif.
Sur un périmètre élargi aux ordures ménagères résiduelles (OMA,1), le taux de recyclage pointe à 15 % (dont 1 % de valorisation organique). « Sur les 3,5 Mt d’OMA, 1 Mt pourrait être recyclé et 1 Mt composté », note Alex Thibaud, chargé de mission à l’Observatoire. Soit 37 % des OMA valorisables sous forme de matière et 24 % relevant du compostage ou de la méthanisation, selon le bilan de l’Ordif.
Pots, barquettes et films ne suffiront pas au rattrapage
Des plans de relance successifs menés par Citeo depuis 2015, est attendue une hausse de 7 % des tonnages d’emballages et papiers collectés entre 2014 et 2018, indique Olivier Le Clech, directeur de l’éco-organisme pour l’Ile-de-France. Soit 46.000 t/an additionnelles (14.000 de verre, 32.000 d’autres matériaux) quand les collectivités visaient au départ un gain annuel de 66 000 t. En 2016 ont été recyclées 565.500 t. « Pour atteindre l’objectif de 75 % de recyclage, il faudrait mobiliser 400.000 t/an supplémentaires … que les équipements actuels seraient bien en peine d’accueillir », commente Olivier Le Clech.
Le responsable de Citeo relève toutefois les « bons résultats, quantitatifs et qualitatifs, » des bornes d’apport volontaire Trilib installées depuis 2016 à Paris, qui en comptera un millier en 2022. Par ailleurs, « si l’Ile-de-France fut la dernière région à introduire la collecte sélective, dans les années 2000, elle pourrait être la première à trier tous les plastiques en 2020 ». Début 2019, 100 % des habitants de Paris, de l’Essonne et de Seine-Saint-Denis et 80 % de ceux du Val-d’Oise seront en extension des consignes de tri – ce qui devrait faire baisser les refus. « Sept des 20 centres de tri de la région sont en mesure de trier toutes les résines. A terme, il y aura peut-être une quinzaine de sites, plus mécanisés », projette Olivier Le Clech.
Mais le tri généralisé à tous les emballages en plastique ne suffira pas à faire décoller les tonnages. En zone peu dense, Citeo suggère d’envisager la tarification incitative.
1. : incluant les déchets professionnels de même nature que ceux produits au quotidien par les ménages et collectés par le service public, hors déchets occasionnels (encombrants, déchets verts, dangereux, DEEE …)