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RECYCLAGE & RÉCUPÉRATION

Consigne : une « erreur » à 600 millions d’euros, selon Federec

PUBLIÉ LE 25 JUIN 2019
LAURENCE MADOUI
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Consigne : une « erreur » à 600 millions d’euros, selon Federec
Instaurer une consigne sur les canettes et bouteilles en plastique sera coûteux, pour un gain environnemental dérisoire, affirme Federec. La décision « unilatérale » du gouvernement s’inscrit à rebours de la simplification des règles du tri à la source, qu’accompagnent des centaines de millions d’euros d’investissement dans la modernisation des centres de tri.

« Les vendeurs d’eau et de sodas font sécession (du) système collectif » de collecte et de tri des emballages, basé depuis 1992 sur la « mutualisation des coûts », dénonce Federec dans un courrier au Premier ministre daté du 23 juin. La Fédération des entreprises du recyclage vise le trio Coca-Danone-Nestlé, promoteur d’un système de consigne des bouteilles et canettes via la grande distribution, qui court-circuiterait le service public local. La mesure « cassera le tri citoyen » qui se verra « réduit à un échange monétaire, sans apporter de réel bénéfice environnemental », selon les recycleurs. Qui préparent un courrier en direction des parlementaires.

Un greenwashing inefficace

Si seulement 57 % des bouteilles en plastique sont recyclées (chiffre 2017), « 99 % sont collectées, rappelle Jean-Luc Petithuguenin. Une consigne empruntée aux années 1970 n’est pas à la réponse adaptée, assène le vice-président de Federec, qui ne goûte guère ce greenwashing. L’enjeu porte sur l’orientation de 100 % du gisement recyclable vers le bac jaune. ». C’est précisément l’objet de l’extension du tri à tous les emballages en plastique, qui simplifiera nationalement le geste fin 2022.

La consigne consiste en la restitution d’une caution de 10 à 20 centimes au consommateur rapportant les emballages aux enseignes partenaires des metteurs en marché, en vue d’un recyclage – non d’un réemploi. « Au maximum, 80 à 90 % des contenants sont ramenés. En moyenne, on tourne autour de 70 % », estime Jean-Luc Petithuguenin. Soit un gain indû pour les sociétés porteuses du dispositif ciblé, côté plastique, sur « la crème des crèmes soit le PET », facilement recyclable et objet d’une demande soutenue. « La consigne viendra privatiser les seuls plastiques qui rapportent pour ne laisser aux collectivités que ceux qui coûtent », écrit Federec à Matignon.

Au détriment des collectivités et du petit commerce

Jean-Luc Petithuguenin évalue entre 200 et 300 millions d’euros par an la perte de recettes pour les collectivités qui subiront un détournement de matière. Sans compter « le SDF de la place des Ternes qui videra le bac jaune pour en tirer quelques pièces … A l’image du Lumpenproletariat du système allemand que l’on nous vante ».

La ponction sera, selon lui, équivalente pour les consommateurs qui ne rapporteront pas l’emballage. « Un tel coût est-il justifié pour cibler 1 % du gisement des bouteilles en plastique ?, feint de s’interroger le président de Paprec. Multiplier les canaux de récupération alourdira l’écobilan lié aux transports. Et le commerce de proximité pâtira de la consigne, qui drainera le consommateur vers les grandes enseignes. »

Federec défend un schéma intégrant l’extension des consignes de tri (2022) et la généralisation du tri des biodéchets (2025) : à côté de ces déchets de table et de jardin, les ménages trieraient les déchets « humides et sales » (le flux résiduel) et, à domicile comme hors foyer, les emballages (hors verre). « 30 % des emballages se perdent dans la rue, les transports, sur les sites de loisirs », pointe le président de Federec, Jean-Philippe Carpentier.
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