Le carton pourrait rapidement se substituer au plastique pour 1,5 million de tonnes d’emballages à l’échelle européenne, d’après une étude du papetier britannique DS Smith.
Industriels et distributeurs manifestent depuis six mois une demande pressante d’alternatives aux emballages en plastique, relève DS Smith. Au sein de la filiale française, Armand Chaigne y voit « une tendance lourde » et l’amorce d’« une relégitimation » du carton. Un monomatériau (cellulose) dont le directeur marketing énumère les atouts environnementaux : une consigne de tri bien intégrée, une filière de recyclage mature, sept « secondes vies » possibles, une incorporation de matière première secondaire à hauteur de 88 %, le solde provenant de papier que l’entreprise garantit « zéro déforestation nette ». DS Smith vise le 100 % recyclé et recyclable en 2025. Aujourd’hui, « il faut 14 jours pour récupérer et recycler la matière au sein de nos usines » (12 en Europe dont 3 en France).
19 % du gisement substituables
L’étude réalisée pour le spécialiste britannique de l’emballage par le consultant White Agency Analysis identifie un potentiel de transfert du plastique vers le carton de 1,5 millions de tonnes d’emballages (70 milliards d’unités) au niveau européen, soit près de 19 % du gisement. Et un gain de 5,7 milliards de livres (6,34 milliards d’euros) par an pour la filière.
Les solutions sont mûres pour les présentoirs, les barquettes pour fruits et légumes et les films thermorétractables entourant les packs de boissons, assure Armand Chaigne. Si le carton est plus lourd que le plastique, « c’est précisément la finesse et la légèreté du film qui en compliquent le recyclage. Et l’impression (code-barre, informations pour le consommateur) y est plus aisée que sur du plastique ».
Sur le segment des produits protéinés (viande, fromage, poisson1), DS Smith prévoit de sortir, dans les prochains mois, un emballage enduit d’un vernis recyclable dans le même flux que le carton et résistant à l’eau, à l’huile et apte au contact alimentaire. Pour les plats préparés, traditionnellement proposés dans une barquette en polypropylène noir – une couleur mal détectée par les machines de tri optique – la R&D de l’entreprise travaille à un emballage carton utilisable au micro-ondes.
1 % de surcoût
Par rapport au plastique, la solution carton renchérit de l’ordre de 1 % le prix de vente du produit, estime DS Smith. « Sachant que 77 % des consommateurs européens sont prêts à payer plus cher un emballage durable2 », précise Armand Chaigne. Une donnée que n’a pas intégrée PepsiCo en commercialisant le Tropicana dans une bouteille en plastique, parallèlement à l’emballage en brique : le contenant transparent compte 10 % de produit en moins pour un coût rehaussé de 23 % au litre, pointent les consommateurs. Qui suggèrent de « demander aux poissons ce qu’ils pensent du plastique, recyclé ou pas ».
1 : 900.000 tonnes d’emballages en 2018 au niveau européen, dont 150.000 pour le seul jambon. 2 : Etude Pro Carton, 2018.