Deux créateurs de vêtements font le pari du recyclage pour confectionner leur nouvelle collection. Leurs créations vestimentaires sont réalisées à partir de fils et de fibres issus de déchets plastiques marins recyclés.
« Et si, en s’habillant, nous pouvions agir ensemble pour l’océan ? ». C’est à partir de ce questionnement que Romain Durand et Lola Moy ont décidé, courant 2018, de développer leur concept innovant de vêtements recyclés. « Tout a débuté face à l’océan, sur une plage de surf. De l’eau salée, du sable, des algues et... un sac plastique perdu dans cette immensité, comme un signe », témoignent poétiquement les deux créateurs. « Nous étions en 2018 et nous avons souhaité agir à notre manière », poursuivent-ils. Résultat ? « Après des mois de réflexion, nous avons trouvé » : Ankore, « le vêtement recyclé des océans » était né.
Souvent décriés pour leurs pratiques industrielles et commerciales, les secteurs de la mode et du textile, à l’origine d’environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, cherchent désormais à se réinventer à la faveur de la crise climatique et environnemental. Le 26 août 2019, en marge du sommet du G7 à Biarritz, une trentaine de professionnels de la mode et de la grande distribution ont signé le « Fashion Pact », une série d’engagements volontaires destinés à limiter les impacts de leurs activités sur l’environnement et à favoriser l’économie circulaire. Une opération de « greenwashing », selon certaines ONG environnementales.
« Parce que l’enjeu environnemental est trop important, nous devons être exemplaires », indiquent Romain Durand et Lola Moy. Et d’ajouter : « Beaucoup de marques jouent sur le recyclé ou le local sans être sincères ou claires sur la provenance de leur matière première et leur production. » C’est pourquoi Ankore a fait le choix de s’entourer de « partenaires de confiance ». Parmi eux, l’entreprise espagnole Seaqual, qui commercialise des fibres et des fils éco-conçus à partir du recyclage de déchets plastiques. « Le plastique est repêché, nettoyé, broyé en copeaux, transformé en billes de plastique et enfin en fils. De là, il est mixé avec du coton biologique », expliquent les deux créateurs.
La conception et le patronage des « vêtements recyclés des océans » sont effectués à Nantes, dans les locaux de la jeune entreprise. La confection, quant à elle, est réalisée au Portugal. Plusieurs critères ont présidé au choix de Seaqual par les créateurs d’Ankore : savoir-faire à taille humaine, conditions de travail optimales, capacité à réaliser la confection à partir de coton biologique et de polyester recyclé, et circuit court. Désireux de proposer une collection faite « pour traverser le temps », Romain Durand et Lola Moy ont par ailleurs fait le choix de « coupes intemporelles » et d’un grammage de tissu supérieur au grammage traditionnel. « Ainsi, les différents lavages n’altéreront pas la qualité et la tenue de chaque vêtement. »
Pour concrétiser leur projet, les concepteurs de la marque ont lancé une campagne de financement participatif via la plateforme Ulule. « Si nous atteignons notre objectif, nous pourrons débuter la production et permettre à nos idées futures de voir le jour », concluent-ils.
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Article publié dans
Environnement Magazine n° 1780.