Si l’Union européenne veut atteindre ses objectifs en termes de recyclage des emballages en plastique, elle va devoir « donner un coup d’accélérateur », alerte la cour des comptes européenne ce mardi 6 octobre.
« Il existe un risque non négligeable que l’Union européenne manque ses objectifs de recyclage des emballages en plastique pour 2025 et pour 2030 », souligne un document d’analyse de la Cour des comptes européenne, publié ce mardi 6 octobre. « L’actualisation du cadre juridique relatif au recyclage du plastique, en 2018, témoigne des ambitions accrues de l’UE et pourrait avoir pour effet de favoriser l’augmentation de la capacité de recyclage », souligne l’institution.
Les objectifs européens en matière de recyclage des déchets d’emballages en plastique sont en effet ambitieux : 50% à l’horizon 2025 et 55% à l’horizon 2030, contre un objectif de 22,5% en 2008. « La Commission prévoit de revoir les règles de conception des emballages (les «exigences essentielles»), qui, pour le moment, sont jugées inapplicables dans la pratique. Cela pourrait entraîner une amélioration de la conception des emballages en vue de la recyclabilité et encourager le réemploi », ajoutent les auditeurs. Mais la réalisation de ces objectifs représente un défi d’ampleur pour les Etats membres, notamment dans un contexte de durcissement des règles en matière d’exportation des déchets plastiques. Pour rappel, avant la fermeture du marché par la Chine et les pays d’Asie en 2019, environ 90% des déchets plastiques de l’UE y étaient exportés. Et la convention de Bâle qui entrera en vigueur en 2021 rendra plus difficile l’exportation hors UE des déchets d’emballages en plastique.
Risques de transferts illicites de déchets
Pour ce document d’analyse, la Cour des comptes européenne s’est penchée sur cinq secteurs en particulier : l’agriculture, l’industrie automobile, l’électronique, la construction et démolition, et l’industrie de l’emballage. Elle constate que les déchets d’emballages font bien l’objet de fixation d’objectifs européens. Néanmoins, « des objectifs similaires de gestion des déchets n’existent pour aucun des autres grands secteurs générateurs de déchets plastiques : l’agriculture, la construction, l’électronique et l’automobile, qui, réunis, produisent 22 % de l’ensemble des déchets plastiques de l’UE », souligne le rapport. L’ensemble de ces constats fait craindre à la Cour des comptes européenne une « augmentation des transferts illicites de déchets et de la criminalité en la matière, ce qu’aggraveraient encore les faiblesses du cadre juridique actuel de l’UE relatif à la protection de l’environnement par le droit pénal ».
Selon le document d’analyse, ces défis ne pourront être relevés qu’au prix d’une concertation regroupant l’ensemble des acteurs de la filière à l’échelle de l’UE.