Benoit Paget, co-fondateur de GreenBig. Crédit : DR/GreenBig
A l’occasion de la journée mondiale du Recyclage qui se tient ce vendredi 18 mars, Benoit Paget, co-fondateur de GreenBig, revient sur la nécessité de réinventer le modèle plastique sur la base du rPET (polytéréphtalate d’éthylène recyclé), « un matériau porteur et qui répond aux enjeux environnementaux ».
Depuis plusieurs années maintenant, la révolution du recyclage s’est amorcée. La loi AGEC, adoptée en 2020 et dont les mesures se mettent en place au fil de l’eau, apportent des opportunités concrètes aux initiatives liées au recyclage : récompense à l’usage de matière et à la production de produits recyclés, incitation à la valorisation des déchets dans une logique d’économie circulaire, suppression du sur-emballage des fruits et légumes… La mutation se fait dans toutes les filières, à commencer par celle du plastique.
Seulement, si les mesures gouvernementales incitent au changement, quelle est la marge de manœuvre des industriels qui doivent se réinventer ? Le plastique est décrié, alors qu’il sait se réinventer. C’est le cas du PET, matière intégralement recyclable utilisée pour la production de bouteilles plastiques, dont l’empreinte carbone est réduite de près de 80% sous sa forme recyclée, dite rPET.
Or ces industriels se trouvent face à une difficulté d’approvisionnement de cette matière première. Et pour répondre aux nouvelles restrictions liées à la volonté des pouvoirs publics de mettre fin au plastique jetable en 2040, ils se tournent vers des alternatives dont l’approche vertueuse laisse à désirer.
C’est le cas par exemple des briques multicouches. Bien connues pour la mise en bouteille des jus de fruits, elles remplacent peu à peu les traditionnelles bouteilles d’eau en PET 100% recyclable. Un contenant à double matière, d’abord en carton, mais aussi en plastique ! Un comble quand on sait que le plastique utilisé pour ces briques est, à l’heure actuelle, non recyclable, et qu’il est difficilement séparable du carton. Il l’entraîne donc dans son processus polluant. L’alternative devient moins vertueuse que le contenant initial, un comble vous dit-on.
Points d’apport volontaire
Alors comment permettre aux industriels d’accéder au rPET qui leur permettrait de produire un contenant réellement vertueux ? En créant des ponts entre eux et cette matière première. Cela passe par le développement de toujours plus de points d’apport volontaire, où chaque citoyen peut rapporter ses déchets plastiques usagés et lui offrir une seconde vie. C’est indispensable quand on sait que 26% des déchets plastiques sont des emballages ménagers, et que 17 milliards de bouteilles plastiques sont consommées en France chaque année, ce qui fait de nous le 5ème plus gros consommateur au monde.
Le modèle plastique doit se réinventer sur la base du rPET, un matériau porteur et qui répond aux enjeux environnementaux. Avec 460 000 tonnes de bouteilles plastiques produites en France, le besoin est vital pour cette industrie de développer cette filière, et ainsi s’offrir une alternative durable.
Et face à l’effort national demandé à cause des hausses successives du coût de l’énergie, le recyclage est un des meilleurs moyens de diminuer la consommation de pétrole des industriels de la boisson, et donc une réduction des coûts. Pour des contenants sains, la solution existe. Encore faut-il lui donner les moyens de réussir.