« Pour répondre aux nouvelles restrictions liées à la volonté des pouvoirs publics de mettre fin au plastique jetable en 2040, ils se tournent vers des alternatives dont l’approche vertueuse laisse à désirer. C’est le cas par exemple des briques multicouches. Bien connues pour la mise en bouteille des jus de fruits, elles remplacent peu à peu les traditionnelles bouteilles d’eau en PET 100% recyclable », soulignait Benoit Paget dans la tribune « Le plastique recyclé, une matière première précieuse à valoriser ». Carole Fonta, Directrice générale d’Alliance Carton Nature (ACN), réagit sur différents points de cette publication dont elle « regrette tant certains propos erronés sur le fond, que les critiques injustifiées apportées aux briques sur la forme ».
Les briques existent depuis de nombreuses années sur le marché du jus comme sur celui du lait et apparaissent plus récemment sur le marché des eaux. Sur ce dernier marché cependant, elles sont bien loin de « remplacer les traditionnelles bouteilles en PET », tout comme sur celui des jus d’ailleurs où la réalité est tout autre. La brique a en effet perdu 22 points de part de marché en 10 ans sur ce marché des jus alors que la bouteille plastique en a gagné presque 30 points sur la même période, avec une tendance qui perdure ces dernières années, tel que le montrent les données de marché d’Unijus, « Avec 55,4% de parts de marché volume en 2020 (contre 26% en 2010), les bouteilles plastique (PEt et r-PET) occupent la 1ère place des emballages de jus et nectars, et cela depuis 2017. Les briques carton occupent désormais la 2ème place et leur part de marché continue de chuter d’année en année. Elle s’élevait en effet à 60% en 2010 ; elle n’est plus que de 38% en 2020 ».
Par ailleurs, sur quelle base objective et scientifique l’auteur de la tribune s’appuie-t-il pour affirmer que « l’approche vertueuse - des briques - laisse à désirer » ? Il n’y en a aucune en réalité et les résultats environnementaux de la brique, en particulier en matière d’écoconception et de de recyclage, sont là pour le démontrer (cf. plus bas). Nous ajoutons que cette réalité n’a pas échappé aux pouvoirs publics : le premier rapport « stratégie 3R » (« Quel potentiel 3R d’ici 2025 ? » – Novembre 220) élaboré sous l’égide du gouvernement avait clairement identifié la brique comme une alternative aux plastiques à usage unique monorésine pour certains marchés, alternative confirmée dans le dernier rapport « Stratégie 3R » de 2022.
« Un contenant à double matière, d’abord en carton, mais aussi en plastique ! Un comble quand on sait que le plastique utilisé pour ces briques est, à l’heure actuelle, non recyclable, et qu’il est difficilement séparable du carton. Il l’entraîne donc dans son processus polluant. L’alternative devient moins vertueuse que le contenant initial, un comble vous dit-on ». La brique est un effet un emballage composé majoritairement de carton (75% en moyenne) ainsi que de très fines couches de plastique (21% en moyenne) et d’aluminium (4% en moyenne). Chacun de ces composants assure une fonctionnalité particulière afin de garantir la qualité et la sécurité des produits contenus tout au long de son utilisation : le carton assure la rigidité de l’emballage, le plastique (polyéthylène) l’étanchéité et la protection du produit ; l’aluminium (l’épaisseur d’un cheveu) joue quant à lui un rôle de barrière à la lumière et à l’oxygène. Il est utilisé pour les briques aseptiques, au rayon ambiant, qui ont des durées de conservation plus longues qu’au rayon frais.
« L’ensemble des composants est bien recyclable »
Contrairement à ce qui est mentionné dans cette tribune, l’ensemble de ces composants est bien recyclable, avec un processus de recyclage simple et non polluant. Les briques sont en effet recyclées dans des usines de recyclage papetières en France et en Europe où elles sont placées dans une grande cuve remplie d’eau (pulpeur) qui permet, par brassage mécanique, de séparer facilement les fibres de cellulose du carton, du mélange de plastique et d’aluminium, appelé PolyAl, récupéré par flottaison.
L’intégralité de la fibre (75% de la brique) est ainsi valorisée directement par les papetiers recycleurs pour fabriquer des produits d’essuyage (essuie-mains, essuie-tout) et d’hygiène (papier toilette, mouchoirs) ou des boites en carton. Le PolyAl est envoyé vers des recycleurs spécifiques et utilisé en moulage par injection ou extrusion pour fabriquer différents produits (mobilier urbain et de design, distributeurs de produits d’hygiène, palettes, …). Un tiers de ce PolyAl est recyclé à date avec pour objectif, grâce aux actions et engagements de l’ensemble des acteurs de la filière, que ce PolyAl soit intégralement recyclé d’ici 2025.
Enfin, concernant la comparaison faire avec les bouteilles PET (« le contenant initital »), il est à noter que le taux de recyclage des briques s’établit à 53% en 2020 selon CITEO pour un taux de 55% pour les bouteilles PET, soit un résultat particulièrement proche…
Bois exploité de manière responsable
Concernant la mise en cause du côté « vertueux » des briques alimentaires, nous tenons à rappeler les éléments suivants qui ne sont malheureusement pas évoqués dans la tribune. Les briques sont majoritairement composées de carton, une matière naturelle renouvelable certifié FSC pour toutes les briques commercialisées en France par les membres d’ACN depuis 2018, ce qui permet d’assurer que ce carton est fabriqué à partir de bois exploité de manière responsable. En parallèle à cette démarche, et afin de réduire toujours plus leur impact environnemental, notamment en matière de carbone, les fabricants ont également développé des solutions de substitution du plastique fossile par du plastique d’origine végétale depuis plusieurs années ainsi que des briques de lait sans aluminium.
Si la brique comporte du plastique afin d’assurer l’étanchéité et la protection des produits qu’elle contient, elle permet de réduire de 4 fois le poids de plastique utilisé par rapport à un emballage intégralement composé de plastique, à fonctionnalité identique.
Enfin, comme précisé ci-dessus, la brique est un emballage entièrement recyclable, dans des installations basées en France et en Europe.
Une solution d’emballage vertueuse
La brique trouve donc toute sa place, aux côtés des autres matériaux, afin de proposer une solution d’emballage vertueuse pour répondre aux enjeux environnementaux actuels. C’est d’ailleurs en tenant compte de l’ensemble de ces éléments, que la brique est reconnue comme une solution alternative aux emballages plastiques dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie 3R pour plusieurs secteurs d’activité dont le lait, les jus de fruits et l’eau.
Comme les autres matériaux, cette solution d’emballage doit continuer à s’améliorer afin de répondre toujours plus aux enjeux actuels. Ainsi, au-delà des efforts d’éco-conception déjà réalisés et des actions mises en œuvre sur le recyclage du PolyAl, des actions de R&D ont d’ores et déjà été engagées par les membres d’ACN afin de réduire la part de plastique de leurs emballages dans les années à venir.
La mutation de notre économie en matière d’économie circulaire doit se préoccuper de la fin de vie mais aussi considérer l’ensemble du cycle de vie de nos produits et la reconnaissance de l’utilisation de matières renouvelables certifiées joue un rôle tout aussi important que l’incorporation de matières recyclées dans l’atteinte de cet objectif.
Tout comme la filière PET, nous avons à cœur d’offrir des solutions d’emballages durables et regrettons ces critiques infondées et cette opposition entre solutions d’emballages qui ont toutes leurs atouts mais aussi des marges d’amélioration. ACN s’est d’ailleurs toujours interdit de critiquer les autres emballages.