Exit les engrais pétrosourcés. L’urine se propose désormais comme une alternative naturelle, plus performante et moins coûteuse pour les agriculteurs ! Convaincue des bienfaits de cette ressource inépuisable, la jeune pousse girondine Toopi Organics, fondée par Michael Roes et son associé Pierre Huguier, a démarré son aventure en 2019 dans le recyclage et valorisation des urines en fertilisants agricoles. Quelques années plus tard, la startup est en phase d’industrialisation de sa solution et inaugure sa toute première usine à Loupiac-de-la-Réole.
La France importe la totalité de ses engrais : l’Azote vient principalement des pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, quant au phosphore, une majorité est importée du Maroc qui détient 80 % des réserves. Riche en azote, phosphore et potassium, Toopi Organics a misé sur l’urine humaine pour développer des biosolutions agricoles à prix abordable.
Outre la démarche d’économie circulaire en faveur d’une agriculture responsable, ce projet se donne pour mission de contribuer à une gestion durable de la ressource en eau qui est polluée par l’urine. « Chaque année, 6000 milliards de litres d’eau potable en Europe sont contaminés par 200 milliards de litres d’urine », précise la société.
Culture de bactéries
La société se rapproche du but à travers un processus complet de récupération et de transformation d’urine qui est breveté, validé et autorisé sur le marché français. Ce procédé mis au point par Toopi Organics et utilisé dans l’usine de valorisation des urines humaines à Loupiac-de-la-Réole, est capable de traiter près de 5.000 litres d’urines par jour et 250.000 litres d’urines par an.
🔥M.E.R.C.I🔥
— Toopi Organics (@OrganicsToopi) June 7, 2022
📢 Un grand merci à tous de participer à la réussite et au développement du projet Toopi.
Ce fut un plaisir d’inaugurer AVEC VOUS notre première production industrielle 🙏@al_rousset @HarribeyLauren1 @_bruno_marty_ @NoamLeandri @ademe @NvelleAquitaine pic.twitter.com/dqIE7DL3aG
Comment fonctionne-t-il ? Le processus repose sur la fermentation. Autrement dit, l’urine filtrée de tous les déchets et stabilisée pour éviter les odeurs, est utilisée comme milieu de culture dans lequel des bactéries fermentatives d’intérêt agronomique se développent en exploitant les nutriments naturelles : azote, potassium et phosphore. Toopi Organics veille ainsi via son procédé à conserver les principaux éléments contenus dans l’urine pour développer des fertilisants de qualité.
20 unités de valorisation
Pour sa valorisation, faut-il encore organiser sa collecte. Toopi Organics a également assuré des sources d’approvisionnement, à savoir : des laboratoires d’analyses, des festivals, lycées et collèges de la région Nouvelle-Aquitaine, quelques aires d’autoroute avec Vinci, où sont installées des toilettes séparatives, sans utilisation d’eau pour l’évacuation, qui collectent les urines.
Pour en capter davantage, la société ambitionne de créer localement de nouveaux partenariats publics et privés pour l’installation de toilettes séparatives auprès d’établissements recevant du public. Quant à la valorisation, Toopi Organics vise à installer dans les cinq prochaines années, de nouvelles unités de valorisation des urines dans une vingtaine de métropoles françaises
Par ailleurs, la société entend mettre en place des joint-ventures avec des coopératives agricoles et collectivités locales pour multiplier les filières et les unités de production à l’échelle locale.