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Isolants végétaux : comment doubler la mise

PUBLIÉ LE 30 SEPTEMBRE 2016
LA RÉDACTION
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C'est un tournant pour le marché des isolants végétaux : au printemps 2016, à quelques jours d'intervalle, deux grands groupes, Isover (Saint-Gobain) et Soprema ont respectivement racheté deux PME qui produisent des isolants en fibres de bois : Buitex Recyclage et Pavatex. « C’est une tendance de fond. Le fait que deux majors s'intéressent à ce marché est un signe qui ne trompe pas. Pour notre part, nous sommes persuadés qu'il existera demain un marché pour l'isolation des toitures-terrasses en fibres de bois », anticipe Hervé Fellmann, DG France du groupe Soprema. « La fibre de bois se révèle, parmi tous les matériaux issus du vivant, le plus mature et le plus prometteur », ajoute Dominica Lizarazu, directrice marketing et développement produits chez Isover.Selon l'Association syndicale des industriels de l’isolation végétale (Asiv), 18 millions de mètres cubes d'isolants végétaux sont posés chaque année en France. Soit une part de marché d'environ 8 %. « Malgré la crise qui touche le bâtiment, notre secteur a connu une croissance en volume de 40 % au cours des quatre dernières années. Ce n'est pas négligeable », constate Yves Eustache, en charge de l'animation du syndicat professionnel.  Les matériaux issus du vivant présentent a priori moins d'impacts environnementaux que les matériaux traditionnels sur l'ensemble de leur cycle de vie. L'Asiv insiste, en outre, sur leur caractéristique « hygrothermique » – qui augmenterait de moitié leur résistance thermique théorique – ainsi que sur leur caractère local et créateur d'emplois (4 000 « directs et indirects non délocalisables ces six dernières années »).La loi sur la transition énergétique le reconnaît d'ailleurs. « L'utilisation des matériaux bio-sourcés concourt significativement au stockage de carbone atmosphérique et à la préservation des ressources naturelles. Elle est encouragée par les pouvoirs publics lors de la construction ou de la rénovation des bâtiments », stipule-t-elle. « Les politiques ont saisi l'importance du sujet. Mais cela reste une note d'intention qui doit se traduire sous forme réglementaire pour une mise en œuvre concrète sur le terrain », enjoint Yves Hustache. L'Asiv l'affirme : la filière a investi 35 millions d'euros ces quatre dernières années, a montré son potentiel de développement et peut prendre une place significative dans le tissu économique national, voire européen et mondial. Les sept entreprises (Buitex, Steico, Cavac Biomatériaux, Pavatex, Le Relais, Homatherm et Gutex) qui composent le syndicat se fixent donc un objectif audacieux : doubler leurs parts de marché, c'est-à-dire atteindre les 16 %, « à court et moyen terme ». À quelles conditions cette ambition pourrait-elle se concrétiser ?La filière doit d'abord compter sur elle-même. À l’image de la filière paille qui a écrit ses règles professionnelles pour l'utilisation du matériau en tant qu'isolant et support d'enduit. Ou des produits à base de lin ou de chanvre par exemple qui disposent de Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES), d’avis techniques ou de certifications Acermi. Objectif : prouver leurs performances et montrer patte blanche aux maîtres d'ouvrage, assureurs ou bureaux de contrôle. « Il faut faire sortir ces produits de leur connotation "écolo-bobo". Ils doivent être choisis pour leurs qualités intrinsèques, pas par conviction », résume Hervé Fellmann chez Soprema. Achetés pour leurs qualités, mais aussi pour leur prix, aujourd'hui encore plus élevé que celui de leurs cousins minéraux. Ces écarts de performance et de prix devraient cependant se réduire demain. Soprema comme Isover promettent ainsi de travailler à l'amélioration des performances des isolants de Pavatex et Buitex en mettant des moyens humains et financiers auxquels ces entreprises n'avaient jusqu'ici pas accès.  « Ces rapprochements vont apporter de nouveaux moyens à l'ensemble de la filière et tirer les marchés vers le haut », espère Yves Hustache à l'Asiv.Assez pour atteindre une part de marché à deux chiffres ? Non, estiment la plupart des acteurs qui comptent sur un soutien plus important de la part de la puissance publique. L’édition n°47 de la Lettre Stratégie Ademe & Vous (mars 2016) rappelle qu'il « existe aujourd'hui peu de dispositifs d'accompagnement directs de la demande en produits bio-sourcés en France », mais cite tout de même des mécanismes locaux comme l'éco-chèque Logement aquitain qui vient d'être étendu à la grande région, ou encore le bonus accordé dans le cadre du Plan climat air énergie territorial (PCAET) du Grand Nancy. « Ces aides locales ne suffisent pas. Il faudrait un dispositif incitatif national, plus visible, comme il en existe pour le chauffage au bois ou d'autres technologies vertes, tels le photovoltaïque et l'éolien », estime Yves Hustache. Cela pourrait prendre la forme d'une incitation pour la commande publique, à choisir, à performance égale, le bio-sourcé. Ou d'un bonus spécifique dans le cadre du crédit d’impôt pour la transition énergétique (Cite).L’État ne semble pas aujourd'hui encore complètement mûr pour répondre positivement à ces demandes. « Mais la Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN) du ministère de l'Environnement a abattu, depuis 2010, un énorme travail pour mettre tout le monde autour de la table, identifier et lever un maximum de freins techniques ou réglementaires, mettre en place un plan d'action… », relève Bernard Boyeux, directeur du petit bureau d'études BioBuild Concept qu'il a fondé après avoir quitté il y a deux ans la tête de l’éphémère association Constructions et Bioressources (C&B). Celle-ci, qui a un temps servi de bras armé au ministère pour structurer la filière, s'est essoufflée sur fond de dissensions internes. Cette mission a été reprise en 2015 par la Société coopérative et participative (Scop) Karibati qui propose en même temps des prestations commerciales d'accompagnement et s'occupe d'ailleurs de l'animation de l'Asiv. Pour Yves Hustache, cette forme juridique est idéale pour développer la filière. Pour Bernard Boyeux, au contraire, elle n'est pas du tout adaptée, car à vocation commerciale. « Les entreprises du secteur ont bénéficié, à l'occasion du salon Batimat 2013 d'une bonne couverture médiatique. La ministre a même visité le stand de C&B, se souvient-il. Je n'ai rien vu de tel pour l'édition 2015… À mon sens, il n'existe aujourd’hui pas de réelle stratégie de filière. »Fabian Tubiana
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