Philippe Dorge, directeur général du groupe La Poste. Crédits : La Poste
Les grandes entreprises et PME s’activent face aux enjeux climatiques et environnementaux. Philippe Dorge, directeur général du groupe La Poste, évoque dans cette tribune, l’engagement des entreprises dans la transition sociale et environnementale.
Depuis près d’un demi-siècle, bien que de grandes initiatives aient été lancées, la terre reste maltraitée, les ravages du dérèglement climatique s’intensifient. La tâche qui nous reste à accomplir est immense et elle concerne les grandes organisations, les grandes entreprises comme chacun de nous. Ce travail est aussi à mener dans la proximité, dans les territoires, dans nos entourages immédiats.
Dans ce domaine, l’engagement des grandes entreprises de service public est essentiel car elles sont des entreprises de proximité, en contact direct avec les citoyens. Ancrées dans les territoires, elles en connaissent les spécificités, les maillages de liens, les forces, les acteurs. Cette connaissance fine les rend à même de contribuer à l’émergence de solutions adaptées et différenciées : les projets de transition écologique ne peuvent pas être les mêmes en ville et à la campagne, en Bretagne et en Alsace ou dans les DOM, en Savoie et en Île-de-France.
Je vais m’appuyer sur l’exemple de La Poste qui devient en ce mois de juin « Entreprise à Mission » : c’est celui que je connais le mieux. En 2012, le groupe a atteint la neutralité carbone et s’y maintient. Pour y parvenir, le facteur humain est essentiel : 250.000 collaborateurs sont formés pour être autant d’acteurs et d’ambassadeurs de la Responsabilité Sociétale et Environnementale - des référents RSE les accompagnent dans chaque Direction territoriale.
Deux leviers sont actionnés simultanément.
Le premier consiste à éviter au maximum les émissions de gaz à effet de serre par l’adoption de comportements vertueux adaptés à chaque situation. 54 % de nos tournées sont aujourd’hui décarbonées ou réalisées en mode doux. Nous menons une stratégie de logistique urbaine qui vise à la totale décarbonation des livraisons dans les 27 grandes métropoles, notamment par le déploiement de 4500 véhicules électriques supplémentaires d’ici 2023 ou encore par le déploiement de vélos cargos.
Nos 10.000 bâtiments sont concernés par la sobriété énergétique avec une moyenne de -20 % de consommation énergétique. Et, dans un contexte de croissance du e-commerce, nous travaillons sur les emballages colis ; Notre objectif est de les rendre à 100 % recyclables ou réutilisables d’ici 2025. Ces emballages pourraient être déposés dans une boîte aux lettres après utilisation.
Le deuxième levier consiste à compenser le carbone produit par les activités humaines. La société dispose aujourd’hui d’une multitude de solutions, des petits pas qui ne demandent qu’à être mis en œuvre et dont l’effet conjugué permet de viser des objectifs ambitieux. C’est la politique que nous avons adoptée et qui permet à La Poste de s’engager vers le « zéro émission nette » d’ici à 2030.
Comment ?
D’abord par le renforcement de « puits de carbone » aptes à séquestrer ces gaz. Ensuite par le lancement, depuis 2015, du programme « Climat + Territoires » qui soutient aujourd’hui 30 projets de préservation des écosystèmes naturels, répartis sur 150 hectares dans 38 départements de France. Pour certains, il s’agit de projets d’agroforesterie, pour d’autres de gestion forestière ou encore d’agriculture durable.
Chacun a été précédé d’études assurant ses bénéfices environnementaux et socio-économiques – préservation de la biodiversité, de l’eau, séquestration du carbone, pérennisation d’emplois locaux, contribution à la cohésion sociale et territoriale… Ils sont conçus comme autant de sites vitrine, réplicables sur ces mêmes territoires. Ils font partie des initiatives qui ont amené au choix de La Poste comme partie prenante dans les concertations, puis la mise en place du Label Français Bas Carbone, entré en vigueur en novembre 2018.
Faire sa part…
L’engagement dans la transition écologique est à la fois un choix conforme aux valeurs de notre Entreprise à Mission et une projection stratégique. Car, l’entreprise du XXIe siècle devra être contributive et participer à la grande aventure de la sobriété. A chacune d’agir en fonction de ses responsabilités, quitte à engager des ruptures, en fonction de ses possibilités, de ses métiers, des occasions qui se présentent et en lien avec les acteurs locaux qui, partout, inventent et agissent pour transformer notre société et diminuer nos impacts sur l’environnement. Aux grandes ambitions, préférons un réalisme positif, ancré, engagé … et fortement teinté d’idéalisme. Soyons audacieux, soyons précurseurs, soyons responsables ! Osons !