Les bus à hydrogène ont été privilégiés à Belfort notamment pour leur autonomie, plus grande que celle des bus électriques. / @SMTC/Optymo
Le territoire se rêve en capitale française de l’hydrogène. Riche d’un savoir-faire industriel, la région Bourgogne- Franche-Comté s’attelle à la construction d’une filière pour stimuler son attractivité et « anticiper l’avenir ».
A Belfort, tout roule pour l’hydrogène. En juillet, sept bus carburant à l’ H₂ ont rejoint Optymo, le réseau belfortain des transports. D’ici deux ans, avec 20 bus supplémentaires, la moitié de la flotte fonctionnera grâce à la molécule. En matière de bus à hydrogène, « nous serons le premier réseau de France en densité », se félicite Marc Rovigo, directeur du syndicat mixte des transports en commun, en charge du réseau. Il admet néanmoins que ce nouveau dispositif débarque avec son lot d’incertitudes. Parmi elles, le coût de la maintenance, encore difficile à évaluer. Pas de quoi entacher son optimisme : parier sur l’hydrogène n’est pas une stratégie nouvelle pour la région Bourgogne-Franche-Comté. Les premières recherches académiques, portant sur les piles à combustible, ont débuté il y a plus de 20 ans. Autrefois sujet d’étude d’avant-garde, l’hydrogène s’est progressivement imposé comme une opportunité pour réindustrialiser le territoire.
Entre 1975 et 2019, la région a perdu plus de la moitié de ses emplois industriels. Elle n’en a pas moins conservé son savoir-faire : 23,4 % de sa population travaille toujours dans le secteur, en particulier dans le Nord du territoire, contre 13 % en moyenne à l’échelle nationale. C’est sur cet ADN que la région souhaite miser en tablant sur la création d’ « une filière hydrogène », soutenue par Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche-Comté, au salon Hydrogen Business for Climate, qui s’est tenu début octobre à Belfort.
Les premières pierres de la filière sont posées : création de piles à combustible par Inocel dès 2024, d’électrolyseurs par McPhy et Gen-hy et de solutions de stockage par Mincatec energy, Isthy ou Faurecia. Sans oublier Stellantis, Alstom ou Gaussin du côté des usages. A la clé de ce tissu industriel naissant : environ 1 200 emplois d’ici 2025. A cet écosystème s’ajoute un pôle de recherche de pointe, cristallisé au sein du FC Lab, à Belfort, un établissement consacré à l’hydrogène unique en Europe, où travaillent 150 chercheurs et enseignants de différents laboratoires. « L’hydrogène reste encore très cher, les usages ne sont pas encore rentables, mais c’est maintenant qu’il faut y aller, assure Marie-Guite Dufay. Nous anticipation l’avenir ».
Le coût n’est pas le seul obstacle. Une étude publiée en septembre par le projet Def’Hy, chapeauté entre autres par France Hydrogène, alerte sur le besoin urgent en personnel qualifié dans la filière. Sur ce sujet aussi, la région n’est pas en reste : écoles, universités et IUT proposent des formations axées sur l’énergie et l’hydrogène, du CAP au doctorat, dans l’objectif de former des techniciens, des cadres ou des chercheurs. Reste aujourd’hui à rendre ces cursus attractifs. « Les parents, dont la génération a été touchée par le chômage [du fait la désindustrialisation, ndlr ], sont encore frileux à l’idée d’encourager leurs enfants à se tourner vers l’industrie », estime la présidente. Labellisée « territoire hydrogène » en 2016, la région vise aujourd’hui l’obtention d’un label « École nationale de l’hydrogène » afin de faire reconnaître la qualité du réseau de formations dans la région.
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Article publié dans
Environnement Magazine n° 1807.