Des bottes de foin, des grenouilles, des coquelicots, bientôt des poiriers : déjà étonnant en soi, ce concentré de nature le devient encore davantage à Wettolsheim (Haut-Rhin) où il a pour terrain de jeu... une usine. Le fabricant de copieurs Ricoh France construit depuis deux ans un programme de maintien de la biodiversité. « Pour le vingtième anniversaire de l'entreprise en octobre 2007, nous avons identifié ce thème comme un moyen original de marquer vis-à-vis des riverains notre présence sur le territoire local », souligne Laurent Cardot, responsable environnement.
Le terrain était disponible puisque l'usine possède 12 hectares d'espaces verts. Pour la mise en oeuvre, elle a fait appel à l'Ariena, une association régionale de sensibilisation à l'environnement qui a déployé son réseau de partenaires.
Parmi eux, la LPO inventorie la trentaine d'espèces d'oiseaux qui viennent se nourrir d'insectes et s'abreuver à la mare pédagogique. Aménagée sur 100 m2 par un chantier d'insertion, elle abrite la grenouille verte et quatre espèces de libellules.
Autre concrétisation, les prairies ont remplacé le gazon sur un tiers des espaces vierges. Un agriculteur vient en faucher la quasi-totalité pour son fourrage. L'industriel a ensemencé les 1 400 m2 restants. Bleuets, coquelicots, millepertuis... poussent ainsi près des aires de repos du personnel, aux abords extérieurs que longent les automobilistes.
Une troisième étape est franchie en ce début d'année avec le verger. Des poiriers compléteront les variétés de cerisiers, pommiers et noyers plantés régulièrement depuis l'ouverture de l'usine. Suivront en fin d'année des haies fruitières et champêtres. « Elles cumulent les avantages : zones d'alimentation et de refuge pour la faune, antibruit et réduction de l'impact visuel des bâtiments pour nous », observe Laurent Cardot.
Le « summum » consisterait, plus tard, à installer des ruches. « Le retour des abeilles, que prépare le choix des plantes mellifères dans les zones de prairie, parachèverait l'objectif de maintien mais aussi de développement de la biodiversité indigène », espère Philippe Ludwig, de l'Ariena.
Selon Ricoh, le programme réunit les deux autres piliers du développement durable. « Il est neutre financièrement. En deux ans, l'investissement de 15 000 euros a été couvert par les économies dans le contrat d'entretien liées à la réduction des surfaces à tondre », énonce Laurent Cardot.
Côté social, Ricoh sensibilise son personnel. S'il a distribué des semences à tous, il mise plutôt sur la participation spontanée avec le parti pris de se passer de panneaux explicatifs, pour l'instant. Seulement une trentaine de salariés ont assisté aux premières animations, mais selon Laurent Cardot, la participation prendra vraiment son envol avec la plantation des vergers.